Chez Murnau le vampire n’est pas tant un corps qui souffre – là se tient l’approche de Werner Herzog – qu’une ombre surnaturelle tout droit sortie des profondeurs souterraines. Nosferatu premier du nom narre une lutte entre l’obscurité et la lumière, cette dernière triomphant d’ailleurs lors du sacrifice final de la femme pure. Entre ces deux tonalités se heurtent deux figures : la blondeur rayonnante du jeune homme romantique, la pâleur mortifère du démon assoiffé de sang. L’expressionnisme partout présent enveloppe le film d’un drap de rêverie magnifique dans lequel le spectateur erre et se perd au gré de la partition symphonique tout simplement sublime de Hans Erdmann. Indémodable Nosferatu qui ne perd guère, avec le temps, de son caractère horrifique ; au contraire, on pourrait dire qu’il constitue le réservoir infini de nos peurs et de celles qui, par instants, trouvent leur place sur un écran de cinéma contemporain.