Les deux premiers longs-métrages de fiction d'Atiq Rahimi étaient des adaptations de ses propres romans, lui l'écrivain qui a obtenu le Prix Goncourt en 2008 avec Syngué Sabour. Pour la première fois, avec Notre-Dame du Nil, il tire son argument du livre d'une autre, Scholastique Mukasonga, Prix Renaudot 2012. Ce changement, augmenté par un tournage dans un pays dont le contexte lui est moins familier, explique-r-il le sentiment d'inachevé que l'on est en droit de ressentir à l'issue de la projection ? Peut-être. De manière assez claire, le film se veut une démonstration que le futur génocide au Rwanda détient des racines bien antérieures à 1994 et même avant l'indépendance, avec la colonisation. Une argumentation qui n'est sans doute pas contestable mais que Notre-Dame du Nil étaye d'une manière assez maladroite en forçant sur l'esthétisme (aïe, les ralentis) et le lyrisme (ouille, la voix off) avec un scénario qui oublie d'approfondir ses portraits de jeunes femmes, préférant miser sur le collectif. Oui, c'est sûr, ce poison nommé Rwanda entre les deux communautés existait déjà 20 ans avant les exactions que l'on sait mais pourquoi alors ne pas avoir focalisé davantage sur les deux jeunes tutsis qui sont de plus en plus ostracisées par leurs petites camarades dans cette école destinée à former la future élite du pays ? Le problème est que le film ne peut pas vraiment s'attarder sur telle ou telle protagoniste vu le caractère très inégal de l'interprétation, et c'est un euphémisme. Pascal Greggory, pour sa part, incarne un personnage plutôt ambigu dont on se demande qui il est réellement, ce qui n'est pas trop gênant, mais aussi quel est son rôle et son utilité véritable dans le film, ce qui est plus embarrassant.

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le 6 févr. 2020

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