Ah qu'il a dû en faire des conneries Gregg Araki ! Il a dû en gober, en fumer, et en baiser un sacré paquet... A moins que le personnage ici encore incarné par James Duval, plus timide et romantique que ses congénères, ne soit sa réincarnation adolescente...


Et puisque j'introduis la chose en parlant de l'acteur principal, l'autre grosse surprise de Nowhere, c'est son casting féminin pléthorique, avec pas mal de bombasses (celle aux cheveux bleus ou même sa copine, OMG !) qui ont pour la plupart d'entre elles fait une carrière suffisante pour qu'on s'en rappelle. Ceci dit, le réalisateur suggère plus les formes de ces jolies demoiselles qu'il ne les montre cette fois-ci... Pourtant, comme d'hab, on va beaucoup parler de cul, mais aussi de drogues. Le scénario tenant lui-même sur un ticket de métro : celui de la journée annoncée comme apocalyptique d'une bande de jeunes californiens qui se retrouveront le soir - presque tous - pour se démonter la gueule et le sexe chez un certain Jujifruit (oui, je ne l'ai trouvé qu'en VF). Un film chorale sexy-junkie donc.


Pourtant, j'ai eu très peur ! Après une intro "gay-friendly" très esthétique et aux "tiraillements" bisexuels, j'ai d'abord été surpris par le style de la réalisation, à mon goût moins réussi que pour son précédent film. Les couleurs s'avèrent encore plus flashies, voire saturées (ce qui par moments fait bien triper, mais pas toujours), certains plans font série B quand d'autres éblouissent, et l'on dénombre même quelques faux-raccords. Evidemment, la BO, plus variée que d'habitude, déchire tout sur son passage.


Mais les débuts de Nowhere n'ont franchement rien de glorieux. Sauf que, petit à petit, l'ambiance sex, drugs & rock'n'roll, associée à la patte Araki, finit par vraiment captiver. D'autant plus qu'à la manière d'un Donnie Darko, une sorte de mini Godzilla des familles viendra nous bordéliser un peu plus ce déjà-bordel adolescent. Mais en attendant, boulimie, viol, libertinage, sado-masochisme (scène de fessées hilarante), bisexualité, "party" de cache-cache, jouissances parentales, plan à 3 avec les jumeaux Ken qui ken, télévangélisme, violence aveugle et flirt enfantin, seront au programme.


Un bon petit délire teufeur et potache donc, mais surtout une très prenante descente aux enfers d'un consumérisme vain... Quant au final génialement wtf, bien malin qui pourrait le prédire au vu de sa tendance d'abord poétique - la sorte de voie lactée surdimensionnée à la fenêtre, c'est du pur génie ! Un final qui s'avère d'ailleurs plus profond qu'il n'y paraît, puisque l'on peut y voir une sorte de fatalisme où, soit tu suis la tendance et tu finis mal, très mal ; soit tu essayes d'être un peu plus réfléchi, ou du moins sentimental, et tu finis seul et fou, très fou. Comme si l'amour n'existait pas.


Kitsch as hell.

RimbaudWarrior
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le 2 juin 2016

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RimbaudWarrior

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