J'adore Lars Von Trier, j'adore son univers, son approche de la femme parfois torturée (Antichrist), parfois victime (Dancer In The Dark), parfois martyr (Dogville), son esthétisme, sa manière de critiquer les choses haut et fort, sans tabou.
Nymphomaniac Volume 1 est la représentation parfaite de ce dernier critère : les tabous, LVT n'en a pas.

J'ai attendu Nymphomaniac, j'ai trépigné d'impatience durant un an, à lire à droite et à gauche tout ce qui pouvait être dit sur ce futur chef-d'oeuvre "obscène". Le jour J arrive, et là, déception.
Ce Volume 1 est une introduction, une longue et parfois pénible introduction. La pire partie étant la fin lorsqu'on voit les extraits du Volume 2, sauf que hého, ce n'est pas une série c'est un film. Pas besoin de me mettre l'eau à la bouche de la sorte, surtout que la deuxième partie donne l'impression d'être meilleure que la première, d'autant plus frustrant.
Et voilà pour moi le problème majeur de ce film, le fait qu'il soit en deux parties. Bien sûr, 5h de film c'est long, surtout au cinéma, mais je suis restée perplexe face à cette fin, qui pour moi n'en est pas une : «to be continued».

On nous a promis des scènes chocs, du jamais vu au cinéma, l'histoire d'une nymphomane sans tabou, une liberté charnelle absolue. Et on se retrouve avec des dialogues vides, des scènes avec très peu d'intérêts (le chapitre sur la mort du père, on en parle ?) et tout le long on est dans l'expectative DU passage qui va nous clouer sur notre siège.
Je l'attends toujours.
Bien évidemment il y a des séquences avec une justesse parfaite au niveau de l'esthétisme, c'est un Lars Von Trier tout de même. Mais il faut les chercher et elles sont peu nombreuses. Certains dialogues nous tombent dessus tel un cheveu sur la soupe, on comprend pas trop où on va, mais on y va.

Nymphomaniac vous apprend des choses, sur la pêche par exemple (Chasse&Pêche n'a qu'à bien se tenir), comment manger correctement une pâtisserie juive bien particulière ou encore comment gagner un paquet de chocolats sans trop d'efforts.
L'évolution de la sexualité de Joe (Charlotte Gainsbourg) est d'une ouverture totale, le spectateur est invité à la suivre, à la comprendre, à l'apprécier, à se projeter. Le Volume 1 a pour but de nous préparer pour la suite, de la même façons que l'histoire monte en crescendo, nous avançons pas à pas avec Joe. Cela laisse donc sous entendre une fin exceptionnel.
Lentement mais sûrement les tabous sont piétinés les uns après les autres, personne chaste s'abstenir. Mais malheureusement, on reste sur sa faim.

Voilà pourquoi à mes yeux Nymphomaniac a tout juste la moyenne, ce ne sont pas deux films, les parties n'existent qu'à cause de la durée du film. Je n'ai vu qu'une moitié et j'ai besoin de la fin pour pouvoir juger.

En espérant que la fameuse "claque" soit elle aussi au rendez-vous.

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le 7 janv. 2014

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Elliana

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