NYMPH()MANIAC VOL:1 DIRECTOR'S CUT

Et voilà, c'est fait, j'ai vu le fameux "porno" de Lars Von Trier, à peu près deux ans que je l'attend, depuis la sortie des affiches orgasmiques qui ont fait le buzz, de toute façon le film en lui même fut un buzz. Et moi je l'attendait comme un dingue, ceux qui me connaisse et ont parlé avec moi à travers ce site ou d'autres durant ces dernières années savent que ce film était une de mes plus grosses attentes, si ce n'est ma plus grosse attente.
Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment en faite, non ça n'est pas pour le sexe, car si je veux voir du sexe il me suffit d'aller sur internet qui en est blindé, ce n'est pas tant le coté sexe qui m'a donc attiré mais ce que Von Trier allait en faire. Je suis un grand fan du monsieur, beaucoup de ses films sont des chefs d'oeuvre à mes yeux, donc quand j'ai appris que ce mec que j'adore voulait nous sortir un film de 5h30 sur la nymphomanie avec ce casting de fou, ça m'a carrément prit aux tripes. C'est également et surtout la durée je pense qui m'avais attiré, ça n'est pas à cacher, je raffole des grands films, surtout si le sujet est passionnant et que le réalisateur est une idole, un long film très riche m’interpelle de suite, et celui ci, en plus de toutes les raisons que j'ai cité n'a pu que me rendre dingue.

Tellement dingue, que quand j'ai appris que le film dispatché en deux volumes sortirait en version censurée... (que personnellement j'appelle "amputée", car le sexe y est toujours, moins explicite certes mais enlever 1h30 au montage final, j'appelle ça de "l'amputation", pour quelque raison que ce soit.) ...ça m'a repoussé, de plus quand j'ai également découvert que Lars cautionnait mais ne voulait rien avoir à faire avec cette version, bah ça m'a quasiment "tué". Je n'ai pas vu d’intérêt à voir une version sali et même pas monté par son réalisateur, si je veux voir un film de Lars Von Trier, c'est pour voir un film de Lars Von Trier ni plus ni moins, je veux voir sa conception, son idée, son montage... pas le travail d'un vulgaire monteur qui enlève des scènes importantes et qui bafoue le boulot d'un génie.
Oui car pour parler des 1h30 supprimés du premier montage, ça disait partout à l'époque que c'était 1h30 de gros plans sur les actes sexuels, ce qui m'a bien fait rire durant le visionnage du Director's Cut, car c'est juste impossible. Que ce soit dit, dans le premier volume, 30 minutes ont étaient retirées, puis remisent dans la version longue, et d'après les dires ce serait 30 minutes de sexe, et j'ai eu envie de rire en voyant le montage final car il ne doit même pas y'avoir au total plus de 30 minutes de sexe, idem sur le second volet où sur l'heure rajoutée il n'y a pas plus d'une heure de sexe, ce qui reviendrait au faite que les scènes coupées ne viennent pas uniquement des séquences sexuelles, et maintenant que le montage final est là on se rend mieux compte. J'ai grâce aux bonus de mon blu ray découvert les différences entre les deux montages, et bien il y a pas mal de scènes non sexuelles rajoutées, des scènes d'ailleurs très intéressantes et qui efface quelques faux raccords de la première version.
'Fin bref, tout ça pour dire que le montage voulu par Lars est bien plus cohérent et logique que le premier, premier montage que je n'ai pas vu, je ne sais pas si ça a été claire, j'ai attendu la "vraie" version avant de voir ce film que j'attendais depuis un bail, et c'est peu dire. Alors que j'avais les moyens légaux ou illégaux de voir le montage amputé il y a un moment. Mais je n'ai pas voulu, Lars a voulu faire un film, j'ai voulu voir ce film, aucun autres.

Parlons maintenant du film, du moins du premier volet qui une fois au complet s'élève à 2h17, donc à peu près 30 minutes en plus, ça peut paraître insignifiant mais ça efface pas mal d'incohérence et donne un aspect plus complet au film.
Je pourrais résumer ce film en une phrase, une sorte de slogan: "Une nuit pour raconter une vie", ouais c'est jolie je sais merci, non pas d'autographe ça va, oh n'insistez pas voyons, vous devenez pénible là ! Bon j'me casse.....
C'est bon je vous pardonne, mon génie me rend parfois nerveux... je suis aussi un peu modeste, on me le dit souvent mais bon je vais poursuivre quand même, je vais pas m'arrêter en si bon chemin.

Bon le synopsis tout le monde le connait je pense: un soir dans une ruelle, un vieil homme prénommé Seligman trouve une femme en sang allongée sous une fine pluie de flocons de neige, il la ramène chez lui, dans un appartement un peu miteux clairement habité par un célibataire, Joe, c'est cette femme mystérieuse, va au long de cette nuit paisible lui conter sa vie jusqu'au moment où il l'a trouvé sur le sol de cette ruelle. Une vie bercée par une maladie, comme le dit si bien le titre, la nymphomanie.
Les admirateurs de Von Trier saurons que le personnage est quelque peu friand de sexe, déjà avec "Antichrist" c'était bien explicite mais là il fait encore plus fort, il ne faut cependant pas tomber dans l'idée que c'est un porno, qu'est ce que j'ai pu défendre ce film même avant de l'avoir vu contre les imbéciles traitant ce film de porno. Certes durant le festival de Cannes où Lars présentait son "Mélancholia", il a parlé de son prochain film comme étant "son film pornographique", mais n'importe qui qui connait un peu le monsieur sait que c'est avant tout de la provocation.
Ce que les gens ou plus particulièrement une partie des gens ne comprennent pas c'est qu'un film où il y a des scènes de sexe explicites n'est pas pour autant un porno, un porno n'a qu'une fonction, donner au spectateur envie, plus particulièrement de se masturber. M'enfin bref, en gros un film porno va s'attarder sur des scènes de sexe et broder une histoire vue et revue sur le tout pour pas que les scènes de sexe arrivent de nulle part, alors qu'un film avec des scènes de sexe comme celui ci dispose avant tout d'un scénario construit qui utilise les scènes de sexe pour servir le scénario, ouais bon, c'est compliqué à comprendre hein ?
Surtout que je vois pas l’intérêt de faire un porno de 5h30 donc bon, déjà là y'a un indice.

Je dis 5h30, car normalement la version entière dure 5h30, mais apparemment elle est descendue à 5h25 et au final je crois bien qu'elle ne fait que 5h12 et quelques, m'enfin, c'est déjà énorme, même si j'ai toujours tendance à croire qu'un chiffre rond rallonge le film, comme par exemple un film de 2h59 ne fait pas 3h00 pour moi, mais c'est dans la tête, ce qui nous amène à la psychologie qui fait partie intégrante du film.
Lars, au milieu de cette fresque érotique d'une densité rare nous envahi (dans le bon sens) de métaphore et de psychologie de l'être humain, cela est du aux personnages principaux qui sont tout de même Joe et Seligman, Joe raconte son histoire en invoquant l'aspect psychologique de l'humain, alors que Seligman peu concerné par les histoires de fesses de son invitée s'amuse à rapporter les actes de Joe à des métaphores et à des anecdotes, je pense à l'hélicoptère, la fourchette à gâteaux, les mathématiques et j'en passe pas mal pour laisser la surprise. Et tout comme les personnages nous arrivons à s'attacher à eux et à les comprendre, d'ailleurs certains comprendront mieux l'un que l'autre, comme moi par exemple, j'ai comme Joe pas toujours compris Seligman qui est un homme cultivé et qui connait beaucoup de choses grâce à la littérature, comme d'un autre coté je ne comprend pas toujours les sentiments de Joe car je n'ai pas vécu ce qu'elle a vécu, mais c'est justement ça qui fait que le film est vivant, les personnages sont tellement profonds émotionnellement et intellectuellement qu'il est impossible de les déchiffrer parfaitement.
Faut dire que Von Trier connait bien la nature humaine, il sait créer des personnages très profonds et extrêmement réalistes, d'ailleurs on retrouve un peu de lui dans ces deux personnages, mais j'en dirais plus là dessus dans la critique du second volet.

Ce premier volume nous concentre sur cinq des huit chapitres, pas très étonnant une fois encore pour les connaisseurs du réalisateur, bon nombre de ses films sont bâtis sur des chapitres.
Nous suivons ici la première partie de la vie de Joe, de son enfance avec son père aimant et sa mère pas vraiment sympa, jusqu'à sa relation de couple avec un certain Jérôme. Joe raconte à Seligman son histoire basée en grande partie sur la nymphomanie, car comme elle le dit, elle aurait découvert sa maladie à seulement deux ans. Nous assisterons à sa première fois assez rapide et en rien romantique où l'addition 3 + 5 est à retenir, nous la suivrons dans sa folie sexuelle où seule l'envie de baiser est présente, son adolescence se résume à faire partie d'un groupe de fille un peu spécial où l'amour est exclu, d'ailleurs Joe exclu l'amour de sa vie en résument parfaitement ce sentiment: "l'amour c'est du désir avec de la jalousie en plus", une très belle phrase qu'elle prônera longtemps même si le fameux Jérôme sèmera un doute en elle.
Son parcours est fascinant, en tout cas ce début de parcours puisque sa vie de femme sera bien plus exploitée dans le second volume, dans ce premier nous suivons principalement la jeune fille qui découvre sa maladie et se cherche encore. D'ailleurs celle qui incarne le personnage de Joe jeune n'est autre qu'une inconnue, ou plutôt une "actrice" inconnue car elle a fait de la mode, c'est une britannique ayant fait du mannequina. A l'époque de la sortie des volumes "amputés" tout le monde... enfin encore une fois je généralise mais une grande partie des gens ont félicités la prestation de cette Stacy Martin, qui en plus d'être physiquement un bon choix vu qu'elle ressemble à Charlotte Gainsbourg est une vraie révélation, pour un premier rôle c'est dingue d'être aussi incroyable, je ne sais même pas quoi dire à son propos en faite, et puis si Lars l'a prise c'est bien pour une raison, niveau casting il n'est pas du genre à prendre des manches.
Stacy Martin porte donc ce premier volet avec irréprochabilité si j'ose dire, oui elle le porte, car Charlotte Gainsbourg incarnant Joe plus âgée n'est dans cette partie qu'une sorte de narrateur, enfin elle raconte son histoire tout du long le cul au chaud sur le lit de Seligman mais dans la seconde partie nous la verrons plus en action. Car pour ceux qui ne l'auraient pas compris le film est blindé de flashback, Joe raconte sa vie à Selig donc la plupart des choses qui arrivent sont via des flashback.
Je parlerais de Charlotte et Stellan lors de la critique du volume 2, je me concentre pour l'instant sur les principaux acteurs de ce volume ci. Donc aux coté de la jeune Stacy nous retrouvons un Shia LaBeouf (le fameux Jérôme) dans un rôle inédit pour lui, jamais il n'aura eu de personnage aussi fort et loin de ce qu'on lui propose d'habitude, c'est en quelque sorte une révélation également, à moindre mesure bien sur. Sa relation avec Stacy est parfaite, ils se tournent autour et finissent par ce rendre compte que l'amour existe, même si au fond d'eux c'est un sentiment trouble. Shia adule Von Trier, voilà pourquoi il a surement décider de tout donner dans ce rôle, pour dire à quel point il était prêt à tout pour ce rôle j'ai une petite anecdote, elle est connue mais tout le monde ne le sait pas forcément, la production aurait demandée une photo du pénis de Shia, enfin c'est même pas "aurait", elle lui a demandée, et il l'a fait sans problème, en même temps, montrer sa bite pour décrocher un rôle aussi génial c'est pas cher payé.
Christian Slater, acteur en berne depuis longtemps qui s'en sort grâce à des séries B retrouve enfin un rôle à sa hauteur, il incarne ici le père de Joe, un homme bon qui aime sa fille par dessus tout et qui est un amoureux de la nature, les arbres et leurs feuilles sont une passion pour lui qu'il transmet à sa fille, d'ailleurs tout du long Joe a une relation spéciale avec la nature, ce qui offre des plans en extérieurs magnifiques.
Uma Thurman s'est bien faite remarquée par sa présence dans le film, elle a beau avoir un petit rôle pas très important, elle se donne à cœur joie à jouer les femmes jalouses, ce qui offre une scène presque théâtrale, on se croirait au milieu d'une pièce de théâtre où la femme découvrirait que son mari a une maîtresse. cette scène est au cœur du chapitre 3, et d'après certains c'est une scène drôle et comique, certes elle est avant tout comique, mais c'est un humour spécial, je n'ai pas ri par exemple, d'ailleurs j'ai peu ri durant le film alors qu'il se veut bien plus drôle que ce que l'on pense, Lars est un coquin et un malin, il a beau faire passer des messages et filmer l'être humain avec pessimisme il n'en reste pas moins drôle. Bon tout ça pour dire que Uma est exquise dans ce rôle, sinon d'autres personnes comme Jesper Christensen, Sophie Kennedy Clark ou même de vieux amis de Lars comme Jens Albinus complètent le casting du premier volume.

Je passe du coq à la chatte mais une chose m'est revenu plusieurs fois avant que je vois le film, comme par exemple cette fameuse ouverture sur un morceau du groupe allemand Rammstein, certes la musique est démente et explose le tout, c'est impressionnant de voir ce genre de musique sur un tel sujet, mais bon LVT est apparemment friand des musiques du style, déjà avec "L’hôpital et ses fantômes" où le générique était bordé d'une musique glauque dans le même style.
Bref, je voulais surtout dire que non, le film ne s'ouvre pas là dessus, avant de nous balancer ce fabuleux morceau Lars nous fait visiter la ruelle où se trouve Joe, enfin visiter, il filme quelques trucs d'ambiances, oh je trouve pas les mots zut, par exemple il filme des gouttes de pluie qui tombent sur un couvercle de poubelle ou encore un vieux ventilateur rouillé qui grince, et encore avant cela nous n'avons juste qu'un écran noir en face de nous, il doit durer plus d'une minute, où seul le son nous accompagne. Et on entend tous les petits bruit de la ruelle, avant de voir les objets par nous même, seulement après cet écran noir et ces quelques plans sur les alentours le morceau du célèbre groupe allemand s'envoi, et dessus on découvre le corps de Joe allongé au sol.
Oui je chipote me direz vous, mais pour moi l'ouverture du film ne se passe pas trois minutes après son début.


Enfin bon, que dire de plus sur ce premier volet, ne vous inquiétez pas, j'ai volontairement délaissé des choses pour les insérer dans la critiques du second volume, faut bien que je me garde des trucs de coté sinon la critique va pas faire plus de dix lignes.

Rendez vous donc à celle du volume 2...

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le 17 janv. 2015

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-MC

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