... and I am a nymphomaniac. "
[Important !]
Les deux volumes de "Nymphomaniac" ne formant qu'un seul et même film, je n'ai fait qu'une seule critique et qu'une note pour l'ensemble du film.
PREMIÈRE PARTIE DE LA CRITIQUE ICI : http://www.senscritique.com/film/Nymphomaniac_Volume_1/critique/29777939
C'est d'ailleurs là que réside la grande force du film, c'est dans cette capacité à développer son univers visuel et sonore, autour d'une narration régulière pour mettre en scène un sujet.
Lars Von Trier n'est pas seulement un réalisateur qui traite des thèmes peu communs ou des histoires de manière atypiques, il est aussi un homme visuel. Cela se ressent particulièrement dans ce film d'ailleurs, puisqu'il s'attache à faire unifier son sujet à sa mise en scène. Les décors sont notamment très évocateurs du sujet du film, comme des tons froids et des espaces plus ou moins confinés, ce qui vient faire directement échos à l'addiction sexuelle de Joe, qui l'enferme en quelques sortes sur elle-même. On en revient également ici à l'émancipation du personnage, car une fois Joe devenue adulte, on s'aperçoit très vite que la forme du film est plus "libre", plus sombre c'est vrai, mais il y a des éléments de mise en scène qui ne trompent pas. Ne serait-ce que les angles de caméra et l'utilisation des décors. Hormis quelques scènes, l'âge adulte de Joe est clairement dépeint de manière plus dense, plus onirique. Ce qui vient d'ailleurs faire la nuance avec cette partie précise de l'histoire, car si le confinement qui était mit en scène pour raconter la jeunesse de Joe, servait un discours plus léger à l'instar de cette époque de la vie du personnage, l'onirisme et le lyrisme flamboyant qui viennent mettre en scène l'âge adulte du personnage dépeignent quant à eux une période plus sombre et décadente.
Il s'agit d'une constante dans le cinéma de Lars Von Trier, c'était déjà le cas de son précédent film "Melancholia", il dépeint l'horreur et la tension, par la beauté et la poésie.
Pourtant malgré un vrai don pour la mise en scène, Von Trier n'est hélas pas parfait non plus. Il s'avère même assez balourd quand il s'agit de mesurer certains passages de cette histoire. Notamment lors de la scène où Joe fait le trie dans ses affaires, peint son miroir ...etc. Un peu comme Darren Aronofsky qui malgré la beauté formelle de son "Black Swan", gérait grossièrement certains contrastes de son film, Lars Von Trier est parfois un peu trop ancrée dans le symbolisme, bien que cela parte d'un bon sentiment pour favoriser l'interprétation. On peut également citer la scène de la chambre d'hôpital avec Stacy Martin et Christian Slatter, assez grossière et excessive bien que pertinente. Tout comme la fin du film qui est à interpréter avec soin. La mesure n'est pas vraiment le fort de Lars Von Trier, ce qui ne lui retire pas sa crédibilité cependant.
En revanche il s'agit d'un réalisateur qui a l'oreille juste quand il s'agit de musique. Les morceaux sélectionnés pour le film sont magistraux. A l'instar du titre de Ramstein que l'on peut entendre au début et au générique du "Volume 1", c'est également tout un florilège de morceaux de classique qui viennent ponctuer la mise en scène en lui conférant un lyrisme magnifique et hypnotique. Cela s'accorde parfaitement avec la photographie qui s'avère elle aussi parfaite.
Côté casting il faut bien évidemment parler de celle qui n'a plus rien à prouver, tant elle s'avère juste dans les divers rôles qu'elle choisit, Charlotte Gainsbourg est en effet une nouvelle fois incroyablement touchante et juste. Stacy Martin qui incarne Joe lors de ses jeunes années, est quant à elle une vraie révélation. Mais il ne faut pas non plus oublier de souligner les prestations de Stellan Skarsgard, Christian Slatter, Uma Thurman, Jamie Bell et Willem Dafoe. Même Shia Labeouf s'avère étonnamment juste, c'était presque impensable.
En conclusion, "Nymphomaniac" est une oeuvre très particulière. Un film flamboyant et sulfureux qui ne se perd pas dans la vulgarité qui aurait pu incomber un tel sujet. Lars Von Trier signe ici un long-métrage passionnant, pas toujours subtil c'est vrai, mais très pertinent. Cependant il s'agit d'un film à aborder avec prudence.
Ma note: 8/10