Okja
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Okja

film de Bong Joon-Ho (2017)

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Un film cochon sans érotisme mais pas sans saveur où les seuls actes de chair se résume à du découpage de viande dans un abattoir. Vu comme ça, le plat est bien moins alléchant que sur le résumé Netflix et pourtant on ne peut occulter que la star du film se promène complètement nue pendant la totalité de l’aventure. Beaucoup rêve d’y gouter, personne n’y est indifférent, et pour cause la bête pèse dans l’industrie. Un porchien de synthèse élevé dans les montagnes coréenne par la jeune Mija, et le moins qu’on puisse dire c’est que les deux bougres sont copains comme cochons.


En regardant la bête, certains y voient une tirelire, d’autres la perspective de se goinfrer à la prochaine soirée grillade du voisinage, elle n’y voit qu’un ami avec qui se promener en forêt dans des scènes pas sans rappeler la poésie des meilleures œuvres du maitre Miyasaki. Okja le lui rend bien se transformant même en super cochon pour lui sauver la vie au détour d’une cascade incroyable dans un instant The Last Guardian version non kasher et sans les bugs de collision. En dehors de cela, l’animal n’a pas de super pouvoirs et ses aptitudes au combat se résument à la fuite et la déjection. Est-ce qu’il sait faire une toile ? Bien sûr que non c’est un cochon.


Un porc sain et pas loin d’être épique mais qui malgré lui, va vite se retrouver dans la merde, l’occasion pour Bong Joon-ho de placer sa satire de la société de consommation de manière pas toujours très adroite, du moins du haut de mon écran rétina. Mais loin d’un travail de cochon, le tout est efficace, bien emballé dans sa structure de conte fantastique made in Asia, et, sel sur le beefsteak, bien aidé par un casting américain apportant une touche de pastiche qui rend la digestion bien plus agréable. Gustavo Fring a même pour un temps délaissé le poulet pour une viande plus rosée, signe évident de la lucrativité de ce business et des cochonneries qu’il cache à l’intérieur.


Et si l’on comprend bien que les membres de Mirando et ceux de l’ALF n’ont pas élevé le cochon ensemble, les deux camps auraient mérité d’être plus grassement développés pour donner plus de poids au message. Au lieu de ça, c’est la jeune Mija, qui, du haut de sa candeur attendrissante, portera la volonté du réalisateur de proposer une fable accessible, et non un documentaire de boucherie sanguinolent. Ce qui n’empêche pas pour autant le ton de se durcir, et le film de se truffer de plans très bien sentis, mise en scène classieuse à l’appui, et gestion de l’animation animalière qui renvoie Disney et ses vaches à lait live action à leur élevage. Quant à savoir si le visionnage suffira à nous rendre végan ? Oui, certainement quand les cochons voleront.

LeMalin
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le 7 juil. 2017

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