Auréolé de trois Oscars et de la Palme d'Or avec son fabuleux Pianiste, Roman Polanski adapte en 2005 le roman-phare de Charles Dickers "Oliver Twist" après diverses adaptations principalement musicales, l'occasion pour le metteur en scène de proposer quelque chose de plus "léger" après ses dernières œuvres particulièrement sombres, même si adapter du Dickens s'avère assez tout aussi lugubre.
Oubliez les chansons du film de Carol Reed ou l'adaptation approximative par Disney, Polanski livre ici un long-métrage fidèle au matériau d'origine, ne raccourcissant que quelques passages par souci de rythme et ne modifie que la fin pour les besoins de l'adaptation (enlevant par cela-même une sacrée révélation plutôt importante dans le roman). Et force est d'admettre que rarement la mise en scène du réalisateur franco-polonais n'a été aussi soignée, de la reconstitution de l'Angleterre de la fin du XIXe siècle à travers des décors et costumes de toute beauté à la magnifique photographie de Paweł Edelman, qui retrouve Polanski après Le Pianiste (et après avoir au passage remporté un César et un Oscar).
Villageois poisseux, ruelles suintantes, Londres embrumé et franc-parler ordurier sont donc au programme de cette adaptation touchante où un jeune orphelin va découvrir la nature d'un monde sans pitié en alternant entre vie déplorable et bonheur insoupçonné, piégé dans une époque sans pitié où règne la loi du fort et du plus malin. Façonnant un rythme judicieusement plus dynamique et plus écourté que le roman afin de ne pas perdre son spectateur (une demi-heure de plus aurait été éprouvante), Polanski délivre un long-métrage très soutenu et agréable sans tomber dans le mélo insupportable ou l'ultra-violence gratuite. En somme, un film bienvenu dans sa diverse filmographie et une adaptation plus que réussie d'un roman finalement assez maltraité au cinéma de par le temps.