On-Gaku - Notre rock !
6.9
On-Gaku - Notre rock !

Long-métrage d'animation de Kenji Iwaisawa (2019)

"Musique, et que chacun se mette à chanter, et que chacun se laisse emporter" chantait la douce France Gall car littéralement, Ongaku, c'est la "musique". La seconde phrase du refrain écrit par Michel Berger parlait donc de se laisser emporter, et c'est exactement ce que nous propose le film sorti dans nos (trop peu nombreuses) salles, "On-Gaku: Notre Rock!".


Vous n'êtes pas prêts, vraiment pas, à voir ce film, qui est un ovni musicalement grave (un omg en somme).



  • Introduction:


Kenji (sans son andalouse), Asakura et Oota, trois lycéens un peu marginaux s'ennuie fermement entre la lecture de mangas, les jeux vidéos et l'école. Un jour, Kenji, par un hasard assez étrange, se voit recevoir une basse et décide que, ce serait bien si lui et sa bande démarrait un groupe de rock.



  • Dessins / arts:


On pourra être autant servis que déstabilisé par l'aspect graphique de ce film. Simple à l'extrême, avec notamment un manque d'expression des personnages assez amusant, l'ensemble donne un aspect nostalgique, probablement années 80 à l'ensemble du film. C'est à la fois rassurant et troublant, car totalement hors de notre époque. Certains passages me rappellent beaucoup les keyframes que l'on retrouve pour les animes récents, ce film a su adopter un style qui nous rappelle le temps où les CGI n'étaient d'une utopie... Et ce choix va probablement déstabiliser une partie de l'audience, même si c'est un parti pris car cette année, c'est l'année de l'audace comme dit Paul Pairet, mais il n'a rien à voir avec l'animation ceci dit.



  • Musique:


Je passe volontiers le travail sur le doublage, car il y a peu de dialogues et le travail est correctement effectué.
Concernant la partie musicale, on passe de ballades à la guitare classique digne d'un titre des Beatles qui vous feraient voyager dans un trip psychédélique à du rock plus primal, un peu transcendent qui cherche à vous faire communier avec la foule qui vous entraîne et... attendez non, n'oubliez pas les gestes barrières. En plus dans un cinéma c'est compliqué de partir en trance avec la musique. On-Gaku est une belle expérience pour le coup, notamment dans sa dernière partie avec un côté totalement barré, où on a l'impression de voir Jimmy Page débarquer entremêlé d'un cours de musique pour la 3ème B du collège George Brassens.
On est dans l'expérimentation, là aussi cela pourra vous choquer si vous vous attendiez à vous faire tabasser par le son comme par les mots de Philippe Etchebest.



  • Scénario:


Très simple: c'est l'histoire de trois lycéens punk, un peu "délinquants" et qui se dise que, finalement, ça doit être facile de faire un groupe de rock. Voilà!
Cette folie, cette insouciance, est le ciment et le fil rouge du film qui est capable d'entraîner, sous l'impulsion de Kenji, nos zéros dans des aventures assez folles. Et y'a de quoi rire, de quoi se moquer car si on prend la simplicité graphique qui leur inflige une absence d'expressions plutôt maladives, on a de quoi rire devant cette insouciance qui n'est pas sans nous rappeler à certains d'entre nous certains passages de vie... heureusement que leur amie Aya les encourage dans leur délire en omettant de leur dire qu'il n'y a pas moyen (dja dja).
Tout matche au final, et la fin est hilarante.
Ce film est exactement le cauchemar du générateur de scénarios par algorithme qui doit dormir dans les caves de Netflix, car ici il y a des crêtes partout, rien de lisse, et ainsi le spectateur verra que c'est bon car il ne peut pas passer le générique de fin. D'ailleurs je ne l'ai pas dit, mais la chanson de l'ending est très très bonne.



  • Conclusion:


Quelle angoisse que l'adolescence. Le corps change, et parfois on découvre la musique. Parfois ça fait Kyo (non pas celui de Fruits Basket), parfois ça fait un groupe comme dans On-Gaku. Pour ceux qui se fient aux apparences (et à notre époque, ils sont nombreux), vous verrez certainement ce film comme une vaste blague incompréhensible et moche. Tant pis pour vous.
Si vous aimez sortir de la route, quitter l'autoroute comme le disait le parolier français, que vous avez une sensibilité musicale qui cache en vous un petit Philippe Manoeuvre en puissance, vous avez une très grande chance d'aimer ce spectacle.
Car le 7ème art, quand il vous attire dans son univers animé d'absurde, de folie, est une belle chose qui peut aussi vous apprendre qu'il n'y a rien de plus dangereux qu'un lapin adulte, et qu'un groupe de rock peut vous faire voguer sur un ruisseau par sa musicalité primaire. Finalement c'est que qu'on peut espérer de mieux, une expérience artistique. Son seul défaut sera alors de laisser sur le bord de la route une partie du public, qui pourront probablement s'Avenger sur une critique bien plus acerbe que celle-ci. Mais par honnêteté je me dois de compter cela et ce n'est pas le bon moment pour philosopher sur l'art et son accessibilité.
Sans déconner allez le voir, parce que vous avez déjà loupé "les enfants de la mer" qui étaient une autre expérience graphique nippone intéressante.


P.S: on est hyper frustrés en sortant car il y a beaucoup de choses à voir par moment. Vivement la sortie physique!


P.S2: En copiant tout ou parti de cette avis, vous vous exposez potentiellement à une représentation de ma part à la guitare, et je joue assez mal.

notludovic
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le 21 mai 2021

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notludovic

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