Pollack donne vite le ton : à sujet brûlant, réalisation piano voire pianissimo, pas question d'en faire trop. Faut dire, le scénario de départ est un sujet en or massif, avec ça même Lelouch nous arracherait une larme. Années 1930, dépression : des gens pauvres (et beaux) dansent jusqu'à l'épuisement devant un public qui se lèche les babines. Le film annonce la télé-réalité, oui peut-être. Il montre à quel point les hommes sont des crapules, oui bon, d'accord. Il tente aussi, via le bon vieux mode du huis-clos, de recréer une société en miniature. Tout ça est potentiellement intéressant, on peut imaginer ce que Lumet en aurait fait. Mais ici les gros plans hystériques sur les bobines maquillées, si elles nous touchent, ne suffisent pas tout à fait à masquer un certain conformisme. Et même si le film a le courage dans sa dernière partie de se désintéresser de l'issue du concours en lui-même, il laisse légèrement le spectateur sur sa faim (sans doute justement parce qu'il le caresse trop dans le sens du poil) : "They shoot horses, don't they?" est rarement plus qu'une longue bande annonce très réussie. Pollack nous sert une réalisation minimaliste-avec-des-vrais-morceaux-authentiques-de-sentiments-dedans pour un film qui remplit merveilleusement les objectifs qu'il semble s'être fixés mais qui apparaît par trop unidimensionnel.
bilouaustria
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le 23 mai 2013

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le 23 mai 2013

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