L’intention de déplacer le sempiternel film de super-héros hors des Etats-Unis est plus que louable. On ne voit pas pourquoi les américains auraient le monopole du genre. Mais à la vue du résultat de cette tentative italienne, on est en droit de douter de l’exportation artistique réussie de ce genre si prisé en tant que divertissement par les spectateurs actuels. A la décharge de ce projet qu’on peut affirmer raté, le manque de budget flagrant qui a obligé le metteur en scène à des subterfuges plus ou moins logiques et probants. Cependant, les voies qu’il a choisi sont tellement iconoclastes voire étranges qu’on se demande où il a voulu en venir. Le résultat est un étrange mélange, très bancal, de film de série Z pour public averti et de grosse production pour tous publics.
Ce constat bicéphale a pour conséquence deux heures de purge cinématographique où quelques bonnes idées et séquences réussies côtoient au mieux du vide, au pire du grand n’importe quoi. Et quand on voit que le film a reçu moultes récompenses lors de la cérémonie italienne de nos équivalents des Césars, c’est à se demander si les votants n’ont pas voulu primer plutôt la tentative courageuse du cinéaste que le piètre long-métrage que voilà. Pourtant ça commençait bien avec ses plans larges sur les rues de Rome et cette course-poursuite qui amène à la transformation du personnage principal qui prouvent que l’homme soigne ses images. On suit la trame classique de ce type de film et l’amorce est plutôt intrigante. Et le choix de montrer cet homme comme un anti-héros (il matte des pornos et commence l’apprentissage de ses pouvoirs en braquant un distributeur de banque !) est un choix osé et déviant qu’on ne pourra qu’acclamer.
Mais plus le film avance et plus on se rend compte que pas grand-chose ne va dans « On l’appelle Jeeg Robot ». L’histoire n’est guère palpitante mêlant la mafia et une histoire d’amour ratée et interminable à des références au manga japonais dont s’inspire le film. Références qui s’avèrent en total décalage avec l’ambiance générale du projet. Le super-héros n’est ni aimable ni consistant, le méchant est un cliché sur patte qu’on a envie de baffer et le personnage féminin principal pourrait concourir dans la catégorie du personnage féminin le plus énervant de l’année. L’intrigue se traîne et seules deux scènes d’action bien troussées (un règlement de comptes sur un parking et les premiers méfaits du méchant avec ses pouvoirs) réveillent un peu notre intérêt. Les bizarreries s’enchaînent et lorsque le final arrive, guère original ni maîtrisé, on a déjà hâte d’avoir quitté la salle. On se demande comment un tel film a pu se frayer un chemin dans les salles françaises quand tant d’autres se retrouvent directement en VOD !