Tarantino adore Tarantiner, son style est inimitable. Ce qu'il y a de fun chez lui, c'est qu'il se paye la crème de la crème des acteurs à Hollywood, mais leur fait jouer des scènes à l'extrême limite du politiquement correct, pour ne pas dire Gore ou totalement Trash. Et surtout, son humour est irrévérencieux au possible, portant en autodérision ce 7éme art qu'il maitrise à la perfection et dont il s'est nourri depuis l'enfance.


Inglorious Dragon


C'était vraiment long, très long, mais l'attente en valait la peine. Quentin tire constamment sur la montre avec des dialogues parfois interminables et sans que l'on sache toujours où il veut en venir. Toute cette histoire pour corriger quelques hippies et faire connaissance avec son voisin ? Pourquoi pas après tout, surtout si ce voisin s'appelle Polanski et le gourou des hippies un certain Charles Manson... L'ambiance fin des 60's sent le vécu et baigne dans l'insouciance et la drogue. Tarantino n'invente pas cette époque, il a grandi avec et la retranscrit sur grand écran avec authenticité. Le film foisonne de détails et de références dont le réalisateur s'est inspiré tout au long de sa carrière. Il est tellement jouissif de frimer dans ces vieilles bagnoles (cf Boulevard de la Mort) et prendre de jolies auto-stoppeuses hippies au passage. Et pour incarner Rick Dalton, une sorte de Steve McQueen raté, et sa doublure, Cliff Booth, il s'offre les deux plus grands playboys des deux dernières décennies, Leo et Brad. Avantage à Brad, qui assure les arrières d'un Leonardo insolent et incarne une force tranquille, si tranquille qu'il fait trembler le monument des arts martiaux, Bruce Lee ! On prends réellement son pied dans cette scène, cela représente tout son cinéma, toute son inspiration (Kill Bill 1&2) et il le tourne en ridicule. Désolé Bruce, Brad t'a foutu une raclée, mais tu reste le meilleur, sans rancune...


Sharon, la Pulpeuse, en pleine Fiction


Quentin est un conteur et un farceur espiègle, dosant son cinéma par un jeu d'énigmes, en temoigne une scène où Brad ouvre des conserves peu ragoûtantes pour son chien, ce rituel lui sera salutaire. On se ballade dans le Hollywood des 60's avec des références choisies du cinéma de cette période, Leonardo se confondant en Steve McQueen dans La Grande Evasion et dans un erstaz d'Au Nom de la Loi. Mais ce Rick Dalton est autrement plus badass contre des nazis, surtout lorsqu'on l'équipe d'un lance-flammes... Quentin met-il en images ses propres fantasmes, parfois hérités de ses autres films (Inglorious Basterds, Django) ? Di Caprio cabotine avec maestria et nous dévoile la face cachée des acteurs de série B, dont la hantise serait de tourner dans des Westerns spaghetti et s'amuse à être son propre spectateur, à l'instar de Sharon Tate, les doigts pieds en éventail dans la salle. On surfe ainsi sur un rythme léger, enjoué, façon Biopic, en mode contemplation nostalgique pendant les trois quarts du film. Puis subitement, vers la fin, tout s'enchaîne, Brad n'aime guère qu'on lui crève les pneus et réveille son côté Fight Club. Quentin nous prends à revers et on reste scotché, certains passages en apparence superflus prennent tout leur sens, dans un final d'anthologie qu'il m'est impossible de décrire ici.


Pour ceux qui connaissent la véritable histoire de Sharon Tate (Margot Robbie), épouse de Roman Polanski et morte assassinée chez elle par des membres de la famille Manson, une partie du film est une histoire détournée autour de la réalité des faits, je n'en dit pas plus... J'ai quand même eu une pensée pour les deux retraitées au fond de la salle, qui pensaient avoir à faire à un film gentillet sur l'histoire du cinéma des années 60-70, et qui ont probablement été surprises.


Bravo à un grand réalisateur qui ne perd pas de mordant depuis Pulp Fiction !


PS: Afin de rester dans l'ambiance, mais sur un ton beaucoup moins drôle, je recommande l'épisode 5 de la saison 2 de Mindhunter...

RedDragon
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le 15 août 2019

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