ô mes frères, voilà la dérangeante orange

Critique faisant partie de mon marathon Stanley Kubrick : http://www.senscritique.com/liste/Le_marathon_Kubrick/1227577


Dérangeant, absurde, et burlesque.
Voilà de quels manières Stanley Kubrick et Malcolm MacDowell vous transporte pendant 2 heures et 10 minutes dans cette sociéte anglaise ultra-violente. Alors oui le film est sujet a de multiples interprétations (ce qui en général démontre la richesse d'une oeuvre) comme bien d'autres films du Stanley, mais on sent (à mon avis) surtout une volonté du réalisteur de faire une étude de la nature humaine au bon comme au mauvais sens du terme et de ce qui en découle à travers ce film.


Notre cher narrateur Alex Delarge, Marquis de Sade des temps modernes d'une Angleterre du XXIème siècle et sa bande déambulent dans une société futuriste. Le groupe utilise une sorte de novlangue orwelienne d'origine russe inventé par l'auteur du roman Anthony Burgess (la Nadsat). Alex et ses "drougies" sème la terreur dans cette société presque anarchique où l'autorité ne semble pas du tout efficace. Un déballage de violence et de sexe omniprésent dans les 40 premières minutes du film qui dérange le spectateur.
Autorité qui va vite faire son retour et deviendra un des thèmes centrales du long-métrage notamment lors du passage en prison de Alex. Ce personnage central digne d'un roman d'apprentissage que l'on déteste tant au début du film et puis qui va finalement nous paraître attachant et humain, voire tellement (trop?) humain lors de la dernière scène où il retrouve sa nature.


L'immoralisme absolu du film reflète l'état d'esprit d'Alex et de sa société. Présent du début jusqu'à la fin du film, l'aspect sexuel prend une grande place durant ses deux heures. Le meurtre commis par le personnage principal est fait avec un phallus (oui...). Même lorsque notre Alex est en prison et étudie la Bible ce dernier ne peut s'empêcher à travers l'Ecriture sacré de penser à des scènes érotiques ou des scènes de violences ou encore même dans l'Hopital où le médecin et l'infirmière copulent au réveil d'Alex. Le réalisateur américain peint une future société où tout l'inconscient du monde (sexe, ultra-violence) ressort.


Le film pose question sur l'éthique humaine, au nom d'une meilleure société moins violente, l'homme doit-il troquer son libre arbitre pour une société "meilleure" en utilisant des méthodes psychologiques ? Et surtout sur la possibilité d'une dérive totalitaire utilisé par le pouvoir (thème central dans la filmographie de Kubrick). Le risque de devenir une orange mécanique. Naturel à l'extérieur et mécanique à l'intérieur comme Alex Delarge qui ressent la nausée lorsqu'il entend son si chère Ludwig Van ou lorsqu'il est tenté par l'ultra-violence après avoir subi le traitement.
Doit-il alors se déshumaniser au profit de la société et d'oublier sa nature (la violence et l'amour du beau qui est illustré par la musique de ce cher Ludwig Van dans le film)? Le film paraît bien critique contre ce traitement Ludovico qui représente une sorte de traitement MK Ultra (programme ayant vraiment existé, crée par la CIA) visant à contrôler l'esprit des gens. On se dit que le 7ème art n'est parfois vraiment pas loin de la réalité.


[SPOILER] La fin est sublime où l'on voit Alex Delarge retrouver sa nature et ré-écouter enfin son Ludwig Van Beethoven et s'imagine en train de copuler avec une femme tout nu dans la neige avec des personnages habillés comme à l'époque de son compositeur adoré.


Au-delà de tout ça, Kubrick nous fait voyager hors du temps avec ce long-métrage qui est peut-être une de ses plus grandes réalisations à vocation philosophique, politique, comique, tragique et bien sûr (voir, avant tout?) dérangeante...



J’ai sauté, Oh mes frères, et j’me suis foutu par terre mais pas en l’air...
Orange mécanique, Alex.



Ps : Cette article est disponisle sur le site de RévolutionPermanente, bien que l'article est publié sur ce site avec mon autorisation je ne partage pas la même sensibilité politique que ce site d'information qui reste un site néanmoins intéressant.

GustavoFring
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le 28 févr. 2016

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