Le cinéma horrifique ricain va mal, et pire que ces péloches, c'est bien ça qui est le plus horrifiant à voir tant la production US s'est souvent trouvée la plus intelligente et bandante dans le genre. Alors qu'elle laisse ses seigneurs se faire piller à coups de remakes faciles et foireux (Wes Craven, John Carpenter pour ne citer que), elle aligne les suites et les franchises d'opus respectable (tout le catalogue du vénérable James Wan, et du moins vénérable Jason Blum en tête) au point de causer l’étouffement au sein d'une communauté cinéphile qui peine de plus en plus à les soutenir. Le récent Annabelle, spin-off inutile et injustifié du puissant Conjuring, s'était un peu la grosse goutte de pisse qui a fait déborder la cuvette des toilettes dans une année 2014 ou seul l'improbable - mais salué à Gerardmer - Mister Babadook de Jennifer Kent, avait réellement su tenir une promesse flippante sur pellicule.


Et alors qu'une pléthore de franchises viennent chier leurs nouveaux opus dans nos salles obscures ces onze prochains mois (La Dame en Noir 2 hier, les futurs Insidious, Halloween, Vendredi 13 ou encore Paranormal Activity et Sinister demain), seul le génial It Follows, pur ovni horrifique sous forme de revival intelligent et flippant de quelques-unes des grandes figures de l'horreur des 70's/80's, avait réellement su conquérir nos cœurs de cinéphiles endurcis en février dernier, grâce à une ingéniosité et une envie de bien faire plus que convaincante. Une envie de bien faire et une ingéniosité, voilà deux termes qui ne semblent pas forcément bien caractérisé ce Ouija, pur produit d'épouvante de studio (Jason Blum associé à tonton Bay, sur que cela ne fait pas des étincelles) qui cherche - beaucoup trop - à ratisser large même si il est pourtant porté par un thème de départ méchamment alléchant. Les tables de Ouija attisent autant la curiosité que la fascination, et l'idée, certes bancal, d'y consacrer un long métrage n'était pas plus mauvaise qu'une autre, au contraire même, elle pouvait décemment être le point de départ d'une série B des plus acceptable, pour preuve les films Super-8 horrifique du génial Sinister de Scott Derrickson.


Mais Stiles White, auteur du mauvais Possédée, n'est évidemment pas Derrickson, et son histoire d'ados confrontés à une force démoniaque après avoir fait joujou avec la planche de jeu de spiritisme provoque bien plus l'ennui que l'intérêt chez son spectateur, même le plus tolérant. Teen movies impersonnel tout droit sortie des pires péloches de la fin des 90's, accumulant les clichés comme ce n'est pas possible, torché à l'arrache pour des adolescents faussement impressionnables mouillant encore leur culotte sur du Paranormal " Fucking shit " Activity, le film de White louche sur la majorité des recettes à succès du moment, de l'histoire de fantômes aux jumps scares faciles et éculés en passant par un score assourdissant surlignant les moments " flippants " et les hors-champs suggestifs, tout y passe sans ne jamais faire mouche. Un rythme laborieux doublé d'un traitement trop soft pour réellement tenir en haleine, ajouté à une histoire simpliste à l'extrême et à un jeu d'acteur difficilement inspiré - et le mot est faible -, sans forcer, Ouija accumule toutes les mauvaises mains possible dans ce genre de productions au rabais, et même la jolie Olivia Cooke (Bates Motel) ainsi que les SFX plutôt bien maitrisés, ne sauvent pas le navire du naufrage.


Reste qu'en comparaison du piteux et tout aussi court Annabelle, et de la tout aussi foireuse franchise Paranormal Activity, le film incarnerait presque une série B plaisante à regarder.
Mais j'ai bien dit presque...


Jonathan Chevrier

FuckCinephiles
3
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le 2 avr. 2015

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