La vie de héros n'est pas simple quand on l'analyse de près. Car être un héros, au fond, c'est quoi? C'est renoncer à une vie de famille rangée, une vie 'normale'. C'est se permettre de l'ouvrir dès que possible et de s'impliquer dans des affaires sombres, compliquées et dangereuses. C'est aussi mettre sa famille en danger si elle n'a pas décidé de foutre le camp. Et le héros il devient quoi? Mentalement ce doit être l'horreur de constater qu'on ne peut s'empêcher de sauver la veuve et l'orphelin, et de voir les siens le quitter l'un après l'autre. C'est un peu de ça dont parle le film. Sean Connery incarne cette figure du héros, presque reaganien, qui veut faire justice. Le plus beau? C'est dit au début : ce qu'il fera ne changera probablement rien en soi, les traffics de dogue n'auront de cesse, et les anciens dealers se feront remplacer, tout comme le sheriff se fera lui aussi remplacer à un moment ou un autre. C'est la fin du héros puissant et le début de l'impuissance. Outland est intéressant pour le discours qu'il porte.

Mais aussi pour la mise en scène. L'esthétique est plutôt alléchante, faite de cadrages beaux et crades à la fois. Les mouvements caméra se font tout en finesse dans cet état de lieu où l'apesanteur règne en maître. Les acteurs sont bons. Les effets sont old school, mais les têtes éclatées sont fun et fonctionnent toujours. Il est par contre des incohérences, tel que cette forme de pesanteur lorsque les gens tombent dans l'espace (et font des étincelles en plus). Cela est peut être à imputer au scénario?

L'histoire démarre plutôt bien. Des morts mystérieuses, une enquête policière, une ambiance digne d'un western tout en étant dans l'espace et , en plus, dans une ville minière. Que de bons ingrédients. Hélas la dernière demi heure peine à maintenir le niveau. La raison est que le conflit (arrêter la drogue) est modifié en 'survivre face à des méchants prêts à le tuer'. Toute la subtilité et la gravité s'envolent au profit d'une confrontation physique. Après tout pourquoi pas. La transition s'effectue correctement. Hélas la façon dont le héros se tire d'affaire paraît facile voire incohérente. C'est un peu dommage car l'idée n'était pas mauvaise, mais mal exécutée ce qui a pour conséquence d'entâcher un peu tout le film.

Bref, Outland est un bon film d'ambiance qui mélange les genres avec audace (western, policier et science fiction), mais qui se perd sur sa fin à cause de résolutions qui ne tiennent pas leurs promesses (tant qu'à faire une confrontation virile, autant y aller de façon surréaliste à la schwarzzie). A voir tout de même.
Fatpooper
6
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le 29 nov. 2012

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Fatpooper

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