On a beaucoup entendu parler de Pacific Rim, était entouré qu'il était d'une sorte d'aura de blockbuster hype. Le plus étonnant est que pas mal de monde se laisse piéger. Du coup on se retrouve avec le blockbuster évènement de l'été, alors qu'au final il n'y a pas grand chose derrière, pour ne pas dire rien du tout. Guillermo Del Toro ou pas. D'ailleurs j'ai beaucoup entendu parler de lui et pour des raisons pas tellement justifiées. Parce-que mis à part quelques films assez réussis il est loin d'être ce que l'on peut appeler un grand réalisateur. On ne peut pas dire que les deux Helboy soient particulièrement convaincants, ni que le Labyrinthe de Pan ne soit plus qu'un honnête film un brin onirique. Pour les autres il faudrait que je comble le manque mais un film des années 90 avec Westley Snipes en chasseur de vampires comme Blade ça ne donne pas spécialement envie, sauf pour rire un bon coup. Par contre L'Échine du diable semble assez intéressant.


D'ailleurs l'histoire dans laquelle les personnages s'imbriquent est relativement creuse malgré quelques bonnes idées. En gros une brèche s'est ouverte dans l'Océan Pacifique, libérant à des intervalles de plus en plus rapprochés d'immenses créatures de plus en plus puissantes nommées Kaijūs. Pour y répondre les puissances mondiales ses sont alliées et on fabriqué d'immenses robots qui sont les Jaegers pour les combattre. On peut déjà voir qu'il puise allègrement dans le bestiaire et le folklore japonais. Ce n'est pas un mal en soi, et Del Toro s'en sort assez bien quand il reste dans le registre du cinéma de monstre. C'est quand il essaie de créer une histoire que ça coince. On sent bien que ce n'était pas la priorité du film mais les dialogues sont creux, les personnages fades, et le scénario est convenu en plus de sombrer dans la mièvrerie la plus totale. Franchement l'amourette suggérée est ce qui se fait de plus téléphoné dans le cinéma américain, enfin si il est possible d'admettre que la suggestion consiste à ne pas montrer directement la chose tout en martelant cela de manière tellement visible et forcenée que ne pas le remarquer serait signe d'une forte déficience visuelle, de bêtise crasse, d'une absorption trop importante de drogues diverses voire d'un profond coma. L'histoire du mur qui ne sert à rien et du gouvernement aveugle qui supprime les Jaegers pendant que l'ancien commandant du programme organise seul la résistance est aussi assez conventionnelle, pour ne pas dire classique. En somme, comme l'histoire en général. Et puis il a fallu qu'ils foutent des explosions nucléaires...


Alors d'accord, on vient pour voir du Godzilla vs Transformers, en moins con que les versions d'Emmerich et de Bay. Remarque, c'est faire plus con qui aurait été difficile. On attend des effets spéciaux de dingue et des combats dantesques contre des créatures immenses pour le salut de l’humanité. D'ailleurs on remarque que ce sont encore des américains qui sauvent le monde. Les chinois et les russes étant dans le film de bons copains, l'invasion extraterrestre obligeant les puissances à enterrer la hache de guerre, mais pas trop forts non plus. Le gringo faisant déjà dans le cinoche américain depuis un moment cela n'a rien d'étonnant. Enfin on est là pour en avoir plein les yeux, pas pour disserter sur le caractère américaniste de ses films. Les combats sont quand même foutrement impressionnants, malgré l'atmosphère grisâtre dans laquelle ils se passent. Pourtant c'était pas le budget qui manquait. On utilise la nuit, des tempêtes et des fonds sous-marins comme cache misère. Heureusement que l'action reste lisible avec les plans adaptés. Pas comme un certain Bay et sa caméra épileptique. Après les robots font un peu "Force bleue, Force Rouge, Force Verte" surtout quand "Force bleue" sort une épée, mais c'est pas tellement choquant. Et puis ça se bastonne sec contre les Godzillas, même si ces dernier ressemblent un peu aux monstres des Power Rangers avec un meilleur budget. On reste toujours dans cette idée de délire nippon. Enfin le coup de l'épée est sacrément badass en plus d'être assez marrant, mais pourquoi ces cons attendent tout ce temps pour la sortir ? C'est vraiment incohérent, parce-que c'est autrement plus efficace que de donner de simples châtaignes...


Mais alors niveau personnages clichés on en tient une bonne couche. Entre le commandant black (appelons le Jaegermeister) qui souffre d'un mal mystérieux, le héros traumatisé après la perte de son frère devenant marginal puis qui est rappelé par le commandant car il devient soudainement indispensable, les scientifiques en ressort comique, Mako la greluche d'abord coéquipière idéale du héros puis qui va tomber amoureuse de lui... On est plutôt bien servi. Surtout que son flashback est assez horripilant. Une gamine qui pigne sauvée de justesse par l'héroïque commandant black avant qu'il ne soit commandant. Le sacrifice final (appelons le Jaegerbomb) est aussi artificiel qu'attendu. En gros pour faire un Jaegerbomb convenable il faut un combat énergique et un Jaegermeister. Et puis on n'échappe pas non plus au désespérant poncif du héros qui en réchappe à la dernière seconde. Le seul acteur qui tire un peu son épingle du jeu est le trafiquant d'organes baroque joué par Ron Perlman, apparaissant à peine quelques minutes à l'écran (un conseil, ne coupez pas le générique tout de suite). C'est dire. Idris Elba s'en tire plutôt bien mais son personnage est beaucoup trop conventionnel pour que cela puisse influer. Par contre les autres sont complètement transparents et caricaturaux, que ce soit le héros Ray, son rival Chuck et le père de ce dernier Herc ou bien même Mako. Je ne parlerai même pas de la manière dont elle est présentée comme future équipière de Ray tellement c'est voyant. Les scientifiques font les quelques gags du film et le reste se prend bien trop au sérieux. C'est d'un ridicule. Enfin au moins les acteurs ne jouent pas complètement comme des pieds, c'est juste que les dialogues et le scénario n'ont finalement que peu d'intérêt. Pourtant l'idée de la dérive n'était pas si mal, bien que largement sous-exploitée.


Le film est artistiquement un peu douteux, dans la pure tradition du blockbuster catastrophe. Les filtres rouges, bleus, les monstres grisâtres avec des tâches phosphorescentes, les villes en plastique, le temps médiocre perpétuel... Notons aussi la ressemblance des rues de Hong Kong par rapport à celles de L.A dans Blade Runner, avec pour principale différence un nombre plus conséquent de néons dans le film de Del Toro. Beaucoup plus conséquent. Seuls les extraits du combat de Sydney se déroulent avec une luminosité normale. Autant dans un Blade Runner l'atmosphère sombre et orageuse est nécessaire au film, autant ici c'est inutile en plus d'être souvent assez laid. La brèche et ce qui se trouve au-delà c'est encore pire. Celle-ci est un ignoble gloubi-boulga violet-bleu psychédélique avec une espèce d'architecture organique carrément infâme et recouvert d'un espèce de filtre flou dégueulasse. Pour l'univers des aliens c'est un espèce de monde rocheux bizarre avec un gros soleil dans les tons jaunes à rouge foncé et toujours le même type de filtre immonde. C'est pâteux, criard, et surtout très moche. Les Kaijūs sont aussi des espèces de trucs gélatineux avec plein de bras et une tête de poulpe, histoire de ne pas être original du tout. Surtout qu'ils sont encore plus flous et ratés que le reste. C'est vraiment d'un goût plus que discutable. Heureusement que la musique de Ramin Djawadi a l'intelligence de rester relativement discrète (pour un blockbuster de ce type) et d'éviter les envolée grandiloquentes qui surchargeraient encore plus un tout déjà bien lourd.


Voilà ce qu'est ce film, du gros cinéma pop-corn pas assez malin pour sortir du lot mais pas assez raté pour toucher le fond. On se retrouve avec un film bourrin mettant en scène des combats spectaculaires, voire même parfois jouissifs. Si l'on réussit à passer outre la vacuité manifeste du film et que l'on a besoin d'un peu de no-brain ce film remplit totalement son rôle, sinon c'est juste un blockbuster médiocre de plus qui n'est en rien la claque annoncée. Et puis voir des robots avoiner des monstres c'est pas mal pour se détendre un peu. Ce film est un véritable choc des titans tout à l'opposé de la bouse de Leterrier avec ses titans mollassons. Mais un choc qui reste quand même fichtrement laborieux.


Je ne vais pas faire le pingre et donc vous donner la recette du "Jäger Bomb" ou comme Del Toro est mexicain son équivalent hispanique les "Perla Negras", enfin pour ceux qui vivraient dans une grotte et ne la connaîtraient pas, soit un shot de 4cl de Jâgermeister (le shooter avec) placé dans un tumbler rempli de 25 cl de Red Bull. Et ça se boit cul-sec. Pour les plus téméraires on peut ajouter en plus un shooter de Jack Daniels.

Brad-Pitre

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