Le souci quand tu fais une suite à un film qui n’a pas marché autant qu’espéré, c’est que tous les personnages doivent passer leur temps à rappeler qui ils sont et les événements du premier. En soi, ça aurait dû suffire à comprendre qu’il ne fallait pas faire ce film mais l’appel des $€£ était sans doute plus fort que bon sens et dignité réunis, nous voilà à parler de Pacific Rim Uprising.
Si je ne suis pas de ces gugus qui pensent que le 1er Pacific Rim est autre chose qu’un honnête blockbuster largement surestimé par des trentenaires regrettant l’époque où ils avaient le droit de s’amuser avec des jouets sans avoir l’air chelous, celui-ci transpirait au moins l’amour sincère de Guillermo Del Toro pour les films de monstres, ce qui le rendait sympathique et respectable. Sans le Mexicain oscarisé à la barre ne subsistent que le cynisme cupide et la paresse d'Universal.
Les personnages de Scott Eastwood et John Boyega personnifiant à eux seuls la débilité crasse de l’ensemble. Ce qui n’est guère étonnant pour le premier, vu sa tronche de Ken demeuré, est un vrai crève-coeur concernant le second compte tenu de son talent et de son charisme naturel (même si depuis qu’il a traversé l’Atlantique, il n’a plus jamais ne serait-ce qu’effleurer la qualité de sa prestation dans l’excellent Attack the Block).
Autre trouvaille géniale de cette suite (NOT) l’idée d’en faire une sorte de teen blockbuster à la façon d’un Divergente ou d’un Hunger Games, Eastwood et Boyega incarnant les instructeurs d’une bande d’ado aspirants-pilotes de Jaegers. Autant dire que ces pseudos scènes de formation incarnent là aussi le pire d'un cinéma hollywoodien bas de plafond, pompeux et moralisateur. Un summum d’idiotie arrosée d’un soupçon de militarisme dégénéré. Tout ce qu'on aime.
Le pire dans tout ça, c’est qu’on se serait royalement assis sur tous ces défauts si le film offrait des scènes de destruction démentielles comme la dernière heure de Transformers 3, maître-étalon des blockbusters trisomiques. Mais non ! Là où Pacific Rim 1er du nom était relativement généreux en scènes d’action malgré un manque de moyens évident contraignant Del Toro à en tourner la plupart de nuit ou à nous les montrer par le truchement d’une télévision, ce qui m’avait un peu vénèr à l’époque, cette suite ne balance sa première baston entre Jaegers et Kaijus que dans le dernier 1/4 d’heure !!! Le postulat de départ du 1er film, son concept même, devient ici l’apothéose d'un film scandaleusement radin, dépourvu de la moindre ambition cinématographique.
Oui oui oui !!! Avant ça, faut se farcir des scènes de formation en réalité virtuelle, des séquences de cauchemars traumatiques et des Jaegers mutants massacrant des entrepôts. Le tout assaisonné de dialogues chiés par un poney à qui on aurait appris à écrire, histoire de faire bonne mesure.
Quant à la mise en scène, paresseuse et dépourvue de la moindre personnalité, contrairement à celle de Del Toro, capable de transcender n'importe quel matériau, elle parvient à se mettre au diapason de la nullité de l’ensemble en incarnant visuellement la débilité du film. Je sais même pas comment c’est possible, mais certaines scènes comme l’attaque de la base et la reconstruction des Jaegers qui s’ensuit, transpirent la stupidité. C'est bien simple, il y a carrément plus de cinéma dans le générique de Del Toro que dans cette chiure de mouche usinée par le réalisateur des séries Daredevil et Spartacus.
En un mot comme en cent, "c'est de la merde !" (Jean-Pierre Coffe's voice). C'est bien simple, chaque élément tiré de l'univers et de la mythologie créés par Del Toro est passé à la moulinette de la gogolerie. Un beau gâchis à l'heure où les blockbusters tirés d'un scénario original sont aussi rares qu'une pute à son compte.