Celles qui voulait être mère

Sympa ce film.

Une histoire un peu bizarre, un univers bizarre, mais ça tient la route. Et puis c'est structuré : la fille fugue, a le double désir de tomber enceinte et trouver un foyer plus accueillant. Sans doute le gros défaut est qu'il n'y a pas beaucoup de conflits, l'auteur se contentant de développer les personnages, les situations, les relations. Il y a suffisamment de conflits pour s'identifier au personnage, s'inquiéter pour elle, mais ça aurait pu être plus fort, tout en conservant voire en poussant plus loin le côté décalé. En tous cas, il reste plusieurs bonnes scènes. Faut savoir aussi que c'est un road movie, mais l'auteur se débrouille bien pour ne pas partir dans la succession de rencontres : des personnages reviennent, d'ailleurs l'auteur suit le concept du palindrome, c'est-à-dire qu'une fois arrivé à la moitié de l'intrigue, on retourne en arrière. Ce n'est pas aussi symétrique que ce à quoi je m'attendais, de même qu'on ne pourrait pas regarder le film à l'envers (par chapitre), ce qui est dommage, mais ça respecte suffisamment le concept pour être intéressant.

La mise en scène est intéressante. J'aime beaucoup le visuel. C'est marrant parce que je n'ai vu aucun film de ce réalisateur, mais j'ai tellement entendu parler de ses autres films ou vu quelques extraits que j'ai immédiatement pensé à "Welcome to the Dollhouse" et à d'autres films des années 90 en voyant "Palindromes". Le découpage est également réussi, participe beaucoup du bizarre des situations ; l'auteur instaure un rythme un peu froid, une ambiance surréaliste et s'y tient assez bien.

Outre le concept de palindrome, il y a aussi ce concept étrange du changement d'actrice pour incarner le personnage principal. Un personnage secondaire explique un peu le pourquoi du comment à la fin : on a beau changer d'apparence, au fond, on reste le même. C'est une notion intéressante sauf que... ça ne colle pas avec le film étant donné que les personnages ne remarquent pas le changement d'enveloppe. Ni même l'héroïne. Seuls les spectateurs le savent. Dès lors on s'en fiche que l'héroïne change d'apparence, puisque ça n'influe en rien dans son univers. Il aurait été intéressant d'au moins demander aux différentes interprètes de jouer le personnage à leur manière, ça aurait alors donné l'impression que chacune correspondait à une facette mais qu'elles font partie d'un tout, de la vraie Aviva. Evidemment, ça n'aurait pas grand chose à voir non plus avec l'explication donné à la fin mais au moins ça donnerait l'impression que ce concept est moins gratuit que prévu. Ceci étant dit, je n'ai rien contre la gratuité de ce concept. Evidemment ça aurait été plus fort de le rendre utile à l'intrigue mais tant que ça ne gêne pas la compréhension du film, la lecture de l'histoire, alors ça me va.

Soit dit en passant, tous les acteurs sont assez bons. Toutes les actrices amènent quelque chose de bizarre à leur rôle, y compris la délicieuse J.J.L. (je fus surpris de la voir d'ailleurs) qui a sans doute eu le rôle le plus compliqué puisqu'elle devait rappeler les enfants au travers de son jeu. Quant aux gosses, ce ne sont pas forcément de grandes actrices, mais il y aune forme de cohérence d'un bout à l'autre, le réalisateur a su maintenir le cap avec chacune. Les autres acteurs sont également très bons, je pense à celui qui incarne Bob mais aussi Mark.

Bref, ce film aurait pu être poussé plus loin tant dans le traitement narratif que dans le développement du concept, mais ça reste un film assez prenant. Et puis en plus c'est court, et ça ça fait du bien, parce que j'en ai un peu marre des films contemporains qui durent 2h (ceci dit ce sont le plus souvent des blockbusters, genre que j'affectionne, ce qui est encore plus sot puisque ce sont les films les moins profonds qui durent le plus longtemps).