Paperhouse
6.5
Paperhouse

Film de Bernard Rose (1988)

Après avoir réalisé de nombreux clips vidéos et deux téléfilms pour la BBC Paperhouse est le premier véritable long métrage de Bernard Rose, un film qui remportera le prix de l'étrange au festival d'Avoriaz et qui lui vaudra d'être repéré par Clive Barker pour la future adaptation de Candyman. Pourtant le film ne sortira jamais en salles en France et connaîtra une exploitation directement en VHS à la fin des années 80. Paperhouse accuse certes un peu le poids du temps mais cet étrange film et conte cruel de l'enfance mérite vraiment d'être (re)découvert.


Paparhouse c'est l'histoire d'une gamine de 11 ans pas forcément très agréable qui se retrouve clouée au lit durant une semaine à cause de vertiges et de pertes de connaissance. Lors de ses évanouissements et de ses rêves la gamine se retrouve projetée dans un monde onirique semblant directement sortir des dessins qu'elle imagine quand elle est éveillée. Entre rêves et réalité la gamine tente alors par le biais de ses coups de crayon de sauver un garçon ne pouvant pas marcher et prisonnier d'une étrange maison perdue sur la lande.


Paperhouse est un film singulier qui semble ne jamais vraiment savoir dans quelle direction il va et vers quel public il doit tendre. Adapté d'un livre pour enfants de 1958 intitulé Marianne Dreams de la psychologue Catherine Storr, le film de Bernard Rose est un conte cruel qui semblera trop sombre aux plus jeunes lorsqu'il s'aventure vers l'horreur et parfois trop mièvre aux plus adultes quand il ose le romantisme des amours d'enfance. C'est pourtant cet équilibre un peu bancal qui fait tout le charme de ce petit film qui ne cesse de surprendre, parfois effrayer pour ensuite mieux nous émouvoir. Parfois maladroit et daté dans son esthétique et sa mise en scène il n'empêche que Paperhouse est rempli de jolis moments de cinéma, d'images oniriques fortes et prégnantes qui vont explorer la psyché de l'enfance entre peur de l'abandon, pulsions suicidaires, crainte de la mort, naissance du sentiment amoureux et besoin de trouver son propre chemin. Le film de Bernard Rose aurait sans doute mérité une approche plus baroque encore lors de ses nombreuses séquences oniriques à l'image de ce moment durant lequel la petite fille retrouve dans la maison des objets aux proportions étranges comme elle les avait dessiné sur le papier. Paperhouse est loin de tout réussir mais le film a au moins le mérite de tenter beaucoup de choses comme de mettre son climax au deux tiers du film pour repartir ensuite vers une nouvelle direction plus touchante et inattendue.


Paperhouse est un joli film dont les défauts finissent peut être par entretenir une partie de son charme. Le film que Guillermo Del Toro et Peter Jackson revendique comme une des influences de certaines de leurs œuvres (Le Labyrinthe de Pan et Créatures Célestes) est accompagné par la musique touchante et parfois effrayante de Hans Zimmer même si cette dernière est parfois à l'écran envahissante jusqu'à la caricature. Du côté de son casting le film restera le seul et unique que tournera la jeune comédienne Charlotte Burke pourtant très convaincante dans le personnage un peu peste et pas toujours très agréable de Anna . Quant au jeune comédien Elliott Spiers il connaîtra un destin tragique qui donne rétrospectivement à son personnage de gosse perdu, solitaire flirtant avec la mort et la maladie une curieuse et puissante résonnance émotionnelle.


Je n'avais pas revu Paperhouse depuis plus de trente ans maintenant mais j'avais encore de nombreuses images en tête preuve de leurs grandes puissances graphique. En revanche je gardais le souvenir d'un film plus horrifique qui jouait plus franchement sur la terreur, pas très grave j'ai redécouvert un joli film sur les terreurs intrinsèques à l'enfance et les peurs à se projeter dans celui des adultes.

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le 7 févr. 2021

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Freddy K

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