C'est peut-être lorsqu'il se montre humble et sans grands moyens que Steven Soderbergh devient le plus aimable. Unsane, platement réintitulé Paranoïa par chez nous et accompagné d'une triste affiche de série b, est un petit film sans prétention que le cinéaste américain a tourné dans le secret, qu'il a sans doute rapidement torché mais qui figure à coup sûr parmi ce qu'il a produit de mieux. Précisons au cas où que le réalisateur palmé d'or pour Sexe, Mensonges et Vidéo n'a jamais vraiment eu la côte par ici, on aime même tout particulièrement s'en moquer, lui qui nous a si souvent offert sur un plateau le bâton pour se faire démonter. Ça n'est pas le cas ici. Quoique... Son choix de filmer avec un iPhone 7, régulièrement posé en coin de table et pourvoyeur d'effets fish-eye rebutants, fait parfois tiquer, il faut bien l'avouer. Mais, globalement, Unsane a une allure singulière, avec cette caméra embarquée, cette image assez contrastée et ces couleurs délavées qui donnent au film des airs de documentaires tout à fait bienvenus étant donné le sujet traité. La mise en scène de Soderbergh est fluide et dynamique et se permet quelques expérimentations bienvenues qui rappellent un peu le génial Seconds de John Frankenheimer. Elle colle souvent au plus près de son actrice principale, l'irréprochable Claire Foy, dont les yeux bleus fatigués, un peu exorbités, la mine naturellement inquiète et l'allure vulnérable siéent parfaitement à ce personnage harcelé et coincé. La britannique campe Sawyer Valentini, une jeune femme en proie à un stress terrible, au boulot comme chez elle, qui décide donc de se rendre d'elle-même chez une thérapeute. Celle-ci l'oriente vers une institution psychiatrique où elle se retrouvera internée contre sa volonté, d'abord pour 24h puis une semaine, la durée de sa mise en observation s'allongeant à mesure que sa peur d'être poursuivie par son harceleur progresse...lire la suite de la critique.