Paranoïa s’offre le luxe de l’expérimentation, puisque tourné avec un téléphone portable, mais a surtout le chic de se voir réalisé par Soderbergh. Outre le fait que la maladie, tout autant mentale que physique, soit un domaine qu’il aborde souvent, Soderbergh utilise son thème de prédilection en utilisant le téléphone, non pas par simple coquetterie mais surtout pour aborder le voyeurisme de notre société. Quoi de mieux donc que d’entrer dans la paranoïa de son personnage, que par le biais de cet outil devenu si indispensable à nos vies.
Le scénario reste très classique dans sa forme mais aborde frontalement la paranoïa ; on ne tourne pas autour du pot, le spectateur étant tour à tour dans le questionnement entre véritable folie ou coup monté. Si certains peuvent être déçu par une deuxième partie plus explicite, elle n’en perd pas pour autant son attrait. Le cadrage, entre grand angle et gros plan parvient également a renforcer l’abîme dans lequel est plongé Sawyer ; faisant du spectateur son complice tout en gardant le doute sur sa crédibilité. Le personnage reste néanmoins crédible dans sa détermination, Claire Foy excellant dans ce rôle entre fragilité apparente et force de la nature.
On pense tous à Vol au Dessus d’un Nid de Coucou, renforçant la facilité pour quiconque d’être interné, Soderbergh ayant bien compris que l’asile psychiatrique renferme toujours cette peur primaire de l’enfermement. On retrouve aussi une référence à Misery, indéniable, pour qui a vu (ou lu) l’histoire de Stephen King. De plus, le film avance, par petites touches, tout un contexte social qui renforce la véracité du film.
Simple dans sa narration mais conditionné par une excellente mise en scène, Paranoïa est parvenu à me tenir en haleine, ce qui n’est pas le cas des derniers films d’horreurs ; A bon entendeur.