J'ai rarement vu un scénario aussi absurde, particulièrement dans la 1ère moitié du film, Soderbergh donnant ainsi l'impression d'avoir à l'instar de son personnage principal subit un lavage de cerveau en hôpital psychiatrique avant de le réaliser.
Pourtant, et arrivé à la moitié du film, certains éclaircissements sont apportés et la mise en scène dynamique et élégante de ce brave Steven a tendance à nous faire oublier la narration pour le moins chaotique.
Il est par ailleurs amusant de constater que l'ensemble des internautes (je devrais dire "des clones formatés") se polarisent sur le tournage de 10 jours en I-phone 7, alors que ce n'est absolument pas la qualité d'image qui fait défaut à ce film, mais son script totalement absurde!
Et dire qu'ils se sont mis à deux pour écrire ça...
Jugez plutôt, c'est assez savoureux: Sawyer (Valentini, pas Tom...), interprétée avec conviction par la ravissante Claire Foy, décide d'aller vivre loin de ses proches pour échapper à un malade mental qui la harcèle.
Toutefois, elle se sent comme traquée et vit constamment dans la peur, ayant l'impression de le voir partout où qu'elle aille.
Elle décide alors de consulter une psychiatre dans un institut, et là... ça part en sucette!
La psy lui fait remplir un formulaire en lui signalant qu'il s'agit d'un simple questionnaire de routine, mais Sawyer se rendra compte qu'elle a en réalité signé des papiers relatifs à son internement immédiat!
Ainsi, et au-delà du fait qu'il est impossible qu'elle ne s'en soit pas rendu compte (il me semble qu'elle sait lire dans le film...), elle sera immédiatement malmenée par des "médecins" et "infirmiers" relevant davantage de bénévoles sociopathes, et se retrouvera dans l'incapacité d'en parler à qui que ce soit.
Pire, la police est dans le coup et l'institut aurait légalement "le droit" de prolonger votre détention, il suffit que le branleur faisant office de docteur écrive "inapte" sur votre dossier pour vous faire rempiler pendant une bonne semaine.
Encore plus incroyable, ces pratiques seraient en réalité une "arnaque à l'assurance", cet hôpital psychiatrique improbable réalisant des bénéficies en vous retenant contre votre volonté, votre assurance couvrant tous les frais sans poser de questions et sans vous demander votre avis. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi surréaliste.
Le pire dans tout ça, c'est que c'est loin d'être fini... Le harceleur de Sawyer fait bien entendu parti du personnel (ça ne serait pas drôle sinon), et j'ai d'abord cru qu'il s'était "téléporté", avant de comprendre qu'il la suivait en réalité depuis un bon moment.
Autre aberration, les patients sont censés être de dangereux psychotiques, et devinez où ils dorment pour favoriser leur "guérison"? Tous ensemble, dans une salle commune! (???)
Ce dortoir n'est même pas mixte et le personnel n'a aucune qualification (et s'en fout royalement), en somme, c'est la cour des miracles...
Ce scénario totalement abracadabrantesque faisait courir le film à une catastrophe imminente, et pourtant je dois dire qu'il est parvenu à susciter mon intérêt lors de la 2ème partie.
En effet, une fois la situation surréaliste vécue par Sawyer acceptée, la mise en scène s'avère agréable, des explications sont données (je n'osais même pas l'espérer...), Claire Foy s'en sort plutôt bien et une forme de tension ainsi qu'un climat anxiogène sont parvenus à transformer ma rage et mon désespoir en moment plutôt agréable.
Bien entendu, certaines situations "too much" et facilités scénaristiques sont toujours présentes (la mère ne reconnait pas le type déguisé en électricien qui a pourtant assisté à l'enterrement de son mari et dont sa fille lui a parlé la veille, ce même barbu psychopathe se téléporte encore une fois derrière l'héroïne pour l'assommer vers la fin du film etc...), mais l'ambiance générale, la qualité des plans de caméra (d"'I-phone 7", pardon aux crétins) et le rythme se révèlent être satisfaisants, ce qui est à mettre au crédit de Soderbergh.
Bref, pour conclure et en résumé, un film qui courrait à la catastrophe nucléaire mais qui parvient à redresser la barre et même à susciter parfois notre intérêt dans sa seconde moitié.
Aussi, le film nous apprend quelque chose d'essentiel: n'allez pas consulter sans la présence d'un tiers, cela vous évitera certaines déconvenues...