"Le meilleur des plans est celui qui n'existe pas..."

*Attention, attention. Cette critique contiendra des spoilers ! vous êtes prévenus ! *



"Tu sais quel est le plan qui ne rate jamais ? Celui qui n'existe pas."



Kim Ki-taek



Parasite ! Bon, cette critique sera assez particulière car autant dire tout de suite, la majorité d'entre nous a vu ce film et l'a plébiscité au point qu'il est l'un des rares films à tutoyer le 10 de la décennie avec Spider-Man into The Spider-Verse. Cela ne va pas faire du bien aux haters qui vont encore nous critiquer d'être une communauté de fanboy pro-films asiatiques (j'ai déjà lu ça...ce n'est pas une vanne). Après l'avoir vu au Club Jokers le lendemain de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, il est temps pour moi de critiquer ce film incroyable et vraiment dans la veine des premiers films de Bong Joon-oh.



Les gimmicks sont les mêmes



Au niveau de la réalisation, le film comme je l'ai dit plus haut est dans la même veine que les autres films de Bong Joo oh. Donc ceux qui connaissent le réalisateur savent ce qu'ils vont trouver. Des plans vraiment inspirés et iconiques, une musique vraiment classe et surtout, des ralentis. Oui, les célèbres ralentis de Bong Joon oh sont de retours ! Du coup, les fans du réalisateurs (dont moi) seront en terrain connus. Mais ce qu'il y a d'intéressant est de voir de quelle manière il utilise ses gimmicks. Dans ce film, ils sont orientés de telle sorte qui n'expriment pas la même chose que dans ses précédents films et c'est incroyable comment le réalisateur est polyvalent. Surtout, pour la première fois depuis longtemps (à savoir depuis Séduis- Moi Si Tu Peux), que je n'ai jamais vu un film aussi bien rythmé.Dès le départ les enjeux à la situation sont posés et vu comment étaient les trailers, on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé dans ce film (au niveau du trailer, je mets le spoilomètre au niveau d'un Avengers : Endgame. Mis à part que le film Avengers : Endgame est du genre du film qu'on allait voir). Une petite critique pour la musique que je trouve toujours aussi bien choisie et surtout la progression de l'histoire qui donne un aspect comique très entraînant. En parlant de comique...



Kim & Park, family business



Parlons de l'acteur le plus connu du casting, à savoir Song Kang-oh. Primo...allez mâter le film Netflix The Drug King où il partage la vedette avec Bae Doona, histoire d'oublier l'avalanche de bouses qu'on s'est tapé depuis le début d'année (il s'agit d'une fiction inspirée d'une histoire vraie que je pourrais résumer en un Naruto à la sauce Narcos. Voilà. Si avec ça je ne vends pas du rêve je ne peux rien pour vous lol. Quant aux bouses, il y a quand même quelques bons films qui sortent du lot comme le film sur Ted Bundy, le film sur la cavale de Bonny And Clyde, le récent film avec la copine de Daniel Kaluuya de Get Out). Deuzio, mais qu'est-ce qu'il a maigri le bougre ! Et tertio, il joue mon personnage préféré du film. Il s'agit d'un père de famille assez débonnaire et bon vivant qui gagne sa vie en tant que...fabriquant des boîtes à pizza cartonnées (parce que pourquoi pas) et qui vit avec sa famille dans un sorte de sous-sol assez délabré. Mais grâce à un plan de son fils (et de sa fille, on y reviendra), il va devenir chauffeur de la famille Park.


Le fils parlons en ! Ki-woo (Choi Woo-sik du film Dernier Train Pour Busan, le meilleur blockbuster de l'été 2016) est le centre du film et le héro. Grâce à son meilleur ami et avec la complicité de sa famille, il va pénétrer dans la demeure de Park et se faire passer pour le professeur d'anglais de la fille de la famille. C'est le plus idéaliste de la famille et l'un des premiers à vraiment regretter sa nouvelle vie (même si au fond, ils le regrettent tous mais on va y revenir)


Ki-jeong (Park Soo dan) est la fille de Ki-Taek (Song Kang oh si vous avez bien suivi) et celle qui a plus d'imagination et de verve dans la manière d'embobiner tout son entourage. Elle se fait passer pour une professeur de dessin psychologue (le pire c'est que ça marche). C'est elle qui coordonne presque toute la supercherie afin que chaque membre trouve une place chez les Park.


Et la dernière n'est autre que la mère Chun Sook (Jang Hye-jin) qui au départ est la mère classique mais qui se révèle être la femme forte de toute la famille. Elle me fait penser à Octavia Spencer dans son coté femme maman gâteau mais pas trop et elle a presque beaucoup de scènes marquantes passées la moitié du film.


Maintenant la famille Park.


Le père Park joué par Lee Sun-kyun du film Hard Day qui sera la voix de ...Pikachu dans le film Pokemon de cette année ? Si vous avez vu Hard Day, il est très différent du personnage de flic malchanceux de ce film. Ici, il s'agit d'un directeur d'entreprise dans tout ce qu'il y a d'archétypal. Droit, aimant ses enfants mais pas trop, tout comme sa femme. Femme jouée par Cho Yeo-jeong qui est l'archétype de la mère de famille vraiment névrosée. Pas grand chose à dire sur les enfants Parks qui sont très fonctionnels au récit.


Et là on va pointer du doigt un petit défaut qui n'est au final pas vraiment un, la différence de traitement des 2 familles. Sauf que dans l'esprit, cette différence est en logique avec la thématique du film. Les familles représentent pratiquement 2 extrêmes de la société moderne (et pas seulement sud-coréenne) avec une famille à la limite d'être défavorisée tentée de survivre en profitant d'une famille plus qu'aisée et insouciante. On est ici en plein satire sociale comme sait bien faire Bong Joo - oh. Je ne parlerai pas de 2 personnages car ils auront droits à une critique bien à eux plus tard, mais je trouve dommage que le chauffeur originel soit si vite expédié.



Les vers sont dans le fruit.



L'histoire se résume à la famille Ki , lasse de leur situation de précarité ont décidé grâce au fils de se faire passer pour ceux qui ne sont pas afin de profiter de la famille Park sans qu'elle ne s'aperçoive. Et comme toute bonne histoire, le film est pertinent et vraiment bien raconté. La progression de l'histoire est fluide et se fait de manière intelligente. On a un bon tiers de film où on s'amuse à voir de quelle manière la famille Ki a réussi à s'imposer et quelle manigance ils vont inventer pour abuser de la famille Park . Evidemment , on s'en doute que tout n'est pas éternel et que la chute sera dure. Et elle a été. Seulement voilà, personne ne l'avait vue venir !


En effet, on apprend que l'ancienne gouvernante était elle aussi une "parasite" des Park et qui cachait dans le bunker de la maison son mari. Mais alors que Chun Sook essayait de les mettre dehors, le secret est dévoilé et tout a tourné à la catastrophe, renforcé par le retour des Park


Et là, tout le film prend une tournure très différente où pendant près de 3/4 h on se demande comment ils vont se sortir d'une situation qu'ils n'avaient pas anticipée. Alors quand même après tout ça, le ciel lui même se charge à les achever


Les Park étaient partis campés mais sont rentrés plus tôt à cause de la pluie...qui a dévasté tout le quartier des Ki !


Cela fait mal. Et se tournant a fait remettre en question de manière brutale toutes les convictions de la famille; entre le fils qui ne se sent clairement plus à sa place, Song Kang oh qui doute du faite que le père Park mérite tout ce qu'il possède et la mère et la fille n'étant vraiment plus à l'aise. Je ne spoilerai pas ce qui s'y passe à la fin mais c'est l'un des dénouements les plus brutaux et déprimants que j'ai vus depuis longtemps. Une chute telle qu'on en voit rarement au cinéma (à moins de s'appeler Tarantino).


Un final qui est un reflet de la situation du début où la famille a quasiment tout perdu et où Ki-woo échafaude un nouveau plan...dont on n'est même pas sûr qu'il réussira ou non. Je ne parlerai pas de l'interprétation dont on peut en faire car oui, on peut l'interpréter comme étant un hommage de Bong Joo-oh à son père, mais aussi comme le début d'un cycle qui se situe hors de notre champ de vision



Palme d'Or amplement méritée



On peut dire que ce film est le film de la revanche pour Bong Joon oh (même s'il n'a de toute évidence pas fait ce film pour ça ...enfin j'espère). Après 2 ans de hontes par rapport à Cannes (à cause de sa croisade ridicule anti-Netflix qui a éjecté Okja de la croisette et l'an dernier, l'oscarisé Roma...et les déclarations d'Edouard Baer n'aident pas non plus), j'étais en mode ne pas faire attention à ce festival (malgré la récompense de Kore Eda l'an dernier). Parasite est l'un de ces films à la récompense amplement méritée. Tragique, socialement pertinent, bien réalisé, bien interprété, bien raconté, drôle, surprenant avec des scènes iconiques incroyables. Certains le trouveront très rapidement surcotés (surtout sur Sens Critique où on commence à nous traiter de fanboy pro films asiatiques), mais ce film est une réussite sur quasiment tous les niveaux. Ce n'est pas mon préféré (salut Snowpiercer) ni celui que je considère comme son meilleur (salut Memories of Murder) mais c'est un film qu'on peut qualifier de coup de poing et qui propose une analyse cynique de la société (coréenne ou autre) mais avec une lueur d'espoir. Bref, un film à voir et à revoir...surtout si vous habitez dans des pavillons avec bunker.

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le 2 juin 2019

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Neo Cosmic

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