ça y est, je l'ai enfin vu, et je ne m'attendais pas forcément à ça. On présentait Parasite comme le film anticapitaliste par excellence, mais c'est un peu plus compliqué que ça. En tout cas, avec Joker, l'année 2019 n'a pas reculé devant l'éléphant dans la pièce de notre société : la sécession des riches, leur autonomisation alors que les classes moyennes se précarisent.
Je pensais que le parasite du titre, c'était la famille riche, mais non, puisque le sujet central, c'est une famille pauvre qui réussit à se caser comme personnel d'une famille qui habite une villa incroyablement spacieuse. Des gens gentils, cette famille riche, cool et détendus, mais des gens qui vivent dans une sorte d'oasis à l'écart des problèmes que vit le reste de la population, laquelle lutte pour sa survie.
Tout le film est organisé autour de cette coupure, le fait qu'il y a des sas à passer pour arriver jusqu'à ce palais doré, qui, comme tout bon château, renferme son lot de surprises dans ses entrailles. Et la violence de cette coupure (rampes de parking sous-terrain, caméras de surveillance, portes blindées) amène une autre forme de violence, pas du tout symbolique.
Ce qu'il y a de bien, c'est que les pauvres ne sont pas idéalisés. Individualistes, ils se déchirent entre eux en-dehors du cercle familial et ne respectent pas leurs engagements, mais dépensent des trésors d'ingéniosité en termes de tromperie.
Au final, le film reste dans le constat amer et ne propose pas d'alternative que le chaos. La fin, particulièrement noire et sardonique, ne laisse guère d'illusion sur la puissance du déterminisme social.
Je n'ai pas du tout parlé de la forme, mais que dire ? C'est très efficace, avec des cadrages très fluides. Les critiques que j'avais rapidement lues à l'époque parlaient beaucoup de jeux sur les genres cinématographiques : je dois dire que je suis resté trop focalisé sur le propos pour y faire attention, ce qui est sans doute la marque de l'habileté du réalisateur. De manière générale, je reste toujours à la fois admiratif et circonspect face au cinéma coréen, dans lequel je trouve un côté lisse et sec qui me déroute.
Parasite est un très bon film qui parle de l'autonomisation des riches dans notre société. Le récit est fluide, le propos acerbe et amer. Un film tout à fait dans l'air du temps.
Synopsis.
Une famille avec les deux parents au chômage vit dans un sous-sol sordide. L'ami de Ki-Woo, le fils, lui offre de le remplacer comme répétiteur de Da-Hye, jeune fille de famille riche. Ki-Woo réussit à faire bonne impression et présente sa soeur Ki-Jung pour garder le plus jeune enfant de la famille, Da-Sung. Elle se fait passer pour une thérapiste par l'art, qui peut soigner un traumatisme qu'aurait eu le petit en CE1. La mère, Mme Park, crédule, gobe tout.
Raccompagnée par le chauffeur, Ki-Jung laisse sa culotte à l'arrière de la voiture. Le père de la famille riche, M. Park, la trouve et vire le chauffeur : c'est au tour du père, Ki-Taek, d'être embauché comme chauffeur. Il ne reste plus que le plus difficile : virer la gouvernante pour que la mère prenne sa place. Ils jouent sur l'allergie de cette dernière aux pêches pour faire croire qu'elle est tuberculeuse.
Les Park partent en camping quelques jours : la famille pauvre squatte. Ki-Woo espère se fiancer avec Da-Hye. Alors qu'ils sont bourrés, on sonne. C'est l'ancienne gouvernante, qui dit avoir oublié des affaires. En réalité, elle vient nourrir son mari, qu'elle cachait dans un bunker secret accessible depuis le sous-sol. Elle découvre la supercherie de la famille, les filme et menace de tout révéler aux Park. La situation dégénère en pugilat, lorsque le téléphone sonne : les Park reviennent à la maison à cause du temps. Branle-bas de combat, mais dans la panique, l'ex-gouvernante se fait le coup du lapin. En essayant de partir, la famille se retrouve cachée sous la table du salon, et sur un caprice, les parents Park ont envie de dormir sur le canapé. Ils batifolent un peu. La famille réussit par filer pendant que les Park dorment. Ils rentrent chez eux, mais la pluie battante à noyer leur sous-sol. Ils sont hébergés en urgence dans un gymnase.
Les Park veulent organiser une fête impromptue le lendemain, en l'honneur de Da-Song : toute la famille est mobilisée. Pendant la réception Ki-Woo descend voir dans le bunker, mais le mari de la gouvernante lui fracasse la tête. Il monte à la cuisine, prend un couteau, poignarde Ki-Jung, blesse la mère. Les invités fuient en courant. Dans un état second, Li-Taek poignarde M. Park, méprisant.
Un mois plus tard, Ki-Woo émerge d'une opération au cerveau. Atteint, il rit tout le temps, même devant la tombe de sa soeur. Le père, introuvable, est en fait réfugié dans le bunker. Le fils s'efforce de gagner beaucoup d'argent, pour racheter la maison. son père peut finalement sortir. En tout cas, c'est son rêve.