Parasite a le mérite d'être l'une des rares palmes d'or qui est un "divertissement" autant qu'une critique de la société. Il faut remonter à "Pulp Fiction" pour retrouver un tel palmarès.
La filmographie de Bong Joon-Ho est synonyme d'éclectisme. Peu de points communs entre "Mother" et "Snowpiercer". "Parasite" est un nouvel modèle dans le lot. De loin le plus réussi des 3 cités de mon point de vue.
- Les acteurs adultes sont au top ! Difficile d'en sortir un plus que l'autre. Leurs prestations nous propose un renouvellement réussi de la vieille comédie italienne "Affreux, sales et méchants".
- Le cadrage et la réalisation sont évidemment au niveau. Bien que pas spécialiste du domaine, j'ai apprécié les
approches visuelles dans la cave, le filmage de l'anniversaire ou le quasi reportage lors des inondations.
- enfin le scenario offre ce que le cinéma seul peut offrir : suspense, tension, surprise et émotions contradictoires.
Car c'est certainement le fort de ce film. "Snowpiercer" avait été calibré pour Hollywood : pour moi une déception car en s'éloignant du scénario de la BD, il en avait perdu le sens à savoir une critique acerbe de la société et du pouvoir;
Ici Joon-Ho ne rate pas son sujet. Là où Mother m'a semblé attendu dans ses rebondissements, "Parasite" pose magnifiquement quelques thèmes de société :
- est-on heureux parce qu'on est riche ? peut-on être heureux sans le sou ?
- l'ordre social (coréen) peut-il être perturbé ou est-il immuable ? comment y projeter sa progression individuelle ou familiale ?
- comment aborder l'enfance et son lot de traumatismes ?
Et pourtant le film a quelques "lacunes" :
- j'ai hésité à pointer les raccords ratés du film (passage du bordel sous la table du salon à un espace bien rangé pour 3 personnes...). Il y a en quelques uns. A vous d'en faire le catalogue...
- on pourra également regretter que cette satyre soit finalement superficielle. Les traumas de l'enfance aurait pu être creusés tout comme les scènes urbaines dans une banlieue délabrée.
Ces 2 éléments atténuent pour moi la qualité du film et empêchent de le considérer comme un chef d'œuvre.
Bref dans la catégorie "hybridité entre thriller et critique sociale", Parasite est ce qui se fait de mieux sans être pour autant au niveau des chefs d'œuvre de la seconde catégorie.