Mon appréciation du film est biaisée par le fait que je l'ai vu en vf, qui n'est pas catastrophique, mais dans un film qui mise autant sur les dialogues et les registres de langue, c'est une bonne portion du propos du film qui est ainsi évincée.
Le propos de lutte des classes est, semble-t-il, une récurrence dans le cinéma de Bong Joon-Ho. Mais n'ayant vu que The Host, la comparaison sera difficile. On retrouve cependant l'humour ici plus explicitement noir que ce lui de son film de monstre, bien exploité par sa thématique. La lutte des classes est ici un prétexte à une succession de gags qui prennent des proportions démesurées. Ho utilise le comique comme une fondation à laquelle vient se complémenter d'autres registres, allant du thriller au fantastique, notamment avec ce bunker dissimulé derrière un placard abritant depuis plusieurs années un homme seul. C'est d'ailleurs ce fantastique qui permet au film d'atteindre une forme d'universalisme, tout en restant ancré dans son époque et sa culture. Le film crée un univers miniaturisé régit par des codes aisément identifiables, avec lesquels les personnages doivent jouer tant bien que mal pour s'en sortir. Personnages qui ne sont jamais tout à fait caricaturaux, si ce n'est le père bourgeois ridiculement imbu de lui-même et dominateur, mais ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Leurs motivations sont compréhensibles et malgré leurs défauts, on s'identifie à eux et on souhaite qu'ils s'en sortent. Ils sont humains, pour faire claquer les gros sabots. Et pour avoir côtoyé la bourgeoisie française (dans un cadre professionnel, hein, n'y voyez aucune forme de vantardise mal placée), le rendu est crédible.
Le succès retentissant du film hors de son territoire semblait étrange. Mais, palme d'or et oscar publicitaire mis de côté, la dimension universaliste de son récit explique ce triomphe critique et financier. Ce qui, au vu du résultat, n'est pas une mauvaise chose.