Pas un bruit
5.9
Pas un bruit

Film de Mike Flanagan (2016)

En 2016, trois productions signées Mike Flanagan débarquent sur les écrans. Autant dire que le type bosse rapidement, et bien avec ça. Parmi ces trois œuvres, la plus aboutie est sans doute ‘’Hush’’, un film-concept tournant autour d’un seul plot, Maddie, une jeune femme sourde et muette harcelée à son domicile, une maison au milieu de la forêt, par un type muni d’une arbalète, qui prend un malin plaisir à la cuisiner.
L’homme pourrait l’attaquer à de nombreuses reprises, en brisant les fenêtres par exemple, mais non, il préfère lui tourner autour pour bien lui faire comprendre qu’elle n’a aucune échappatoire. Tuer semble être ce qui l’éclate, mais faire mumuse avec sa proie, tel un chat et une malheureuse souris, lui augmente visiblement sa dose de plaisir.
Tourné en 18 jours pour un budget d’1 million de $, ‘’Hush’’ est une production estampillée Blumhouse, que Flanagan à co-écrite avec Katie Siegel, dont il est l’époux. D’une durée de 70 minutes, le métrage ne compte que 15 minutes de dialogues, mais il n’est pas pour autant exempt de sonorités, puisque tout un travail est fait sur les bruitages environnants Maddie. Sachant que seuls les spectateur/rices peuvent les entendre, plongeants un peu plus dans l’angoisse.
De prime abord Horrifique, avec quelques petits moments gores des mieux senti, c’est avant tout le suspens qui l’emporte. Et se demander comment Maddie va pouvoir s’en sortir, seule dans sa maison, avec l’autre taré qui lui rôde autour. Lui faisant bien comprendre qu’il est là, et qu’il ne la lâchera pas.
Le plus gros point fort du métrage (c’est pas vraiment un spoil, mais si vous voulez plus de surprises, passez directement au paragraphe suivant) est que rien n’est filtrés en ce qui concerne les motivations de l’assaillant. Au générique de fin il est simplement crédité comme ‘’The Man’’. Tout est fait pour le déshumaniser au possible, et rendre le calvaire de Maddie encore plus intenable, réduisant cet homme capable de tout à une silhouette assassine.
D’une efficacité rare, doublé d’une générosité sans faille, ‘’Hush’’ ressemble un peu à une petite récréation pour Mike Flanagan. Puisque le temps du film il laisse toutes les thématiques qui font son cinéma depuis ‘’Absentia’’ de côté. Même s’il est possible de déceler que Maddie vit une relation de couple compliquée, qui semble sur la fin. Et qu’elle a une relation privilégiée avec sa sœur.
Pour le reste, le spectacteur/rice apprend que petite elle a souffert d’une méningite qui l’a laissée sourde et muette. Et rien d’autre. Ce sont là les uniques informations données, dans les premières minutes, pour présenter le personnage. Ce qui permet à quiconque de savoir comment elle fonctionne, et qui justifie son comportement pour le reste du métrage.
Rapidement, malgré son lourd handicap, Maddie apparaît comme une personne forte, qui ne se laissera pas faire, n’attendant pas son heure frappant à la porte sans agir. Au contraire, elle rend coups pour coups, et en met même certains inattendus. Elle incarne une soif de vivre proche de la trempe des protagonistes qu’il est possible de retrouver dans les slashers.
Très référentielle, ‘’Hush’’ est l’œuvre de cinéphiles qui connaissent parfaitement leur partition. Elle convoque tout un pan du cinéma horrifique, en particulier le sous-genre du slasher, comme évoqué juste au-dessus, mais aussi un cinéma plus classique, qui peut aller de Hitchcock à DePalma, en passant par John Carpenter, ou encore Dario Argento. Pour ne citer qu’eux. Clairement le film tient la mesure, malgré son statut de minuscule production, à côté de ce qu’ont pu proposer ces grands noms lors de leurs heures de gloires.
À prendre comme un exercice de style virtuose, mis en scène avec une maîtrise sur l’ensemble des recoins environnant, pas l’usage du décor unique qu’est la maison, exploitée dans tout ce qu’elle peut offrir. Poussant le concept au maximum, afin d’en extraire la scène le plus angoissante possible, pour servir un public qui ne peut être que conquis. Enfin, les amateurs du genre du moins.
Mais franchement, même si vous n’êtes pas des afficionados de l’épouvante, du thrhller, ou de l’horreur, ça peut être pas mal de faire l’effort de regarder ‘’Hush’’, qui démontre qu’il n’est pas utile d’avoir des millions entre les mains pour réaliser des films efficaces, honnêtes et purement jouissifs. Même trois ans après sa sortie, quatre films et une série, ‘’Hush’’ reste l’une des réalisations des plus remarquables de Mike Flanagan.


-Stork._

Peeping_Stork
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le 16 févr. 2020

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Peeping Stork

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