Le film n’a pas su trancher entre son côté science-fiction et son côté romantique, voire glamour. C’est ce qui le rend très flou dans son ensemble.
Le concept feinte d’intelligence, mais il n’en est rien en réalité. Les incohérences se multiplient en partant de la structure du vaisseau et son système, jusqu’aux influences « spatiales » (Star Wars, Gravity, Sunshine entre autres). Morten Tyldum, après son bon « The Imitation Game » se retrouve dans l’impasse d’une mise en scène ouverte et mal négociée.
Ce huis-clos, isolant Jim Preston (Chris Pratt) et Aurora Lane (Jennifer Lawrence) reste tout de même solide grâce à leur prestance. Ils échangent suffisamment autour d’un pot hollywoodien. En effet, le schéma de fond ne bénéficie rien d’original et pompe son oxygène sur la performance de ses héros. Le décor fait qu’il trompe l’observateur sur la nature de la situation. On revient alors au problème initial du mariage hétérogène des genres.
Autre point que le film prend tout, et vraiment tout son temps, c’est de valider une « checklist » prévisible et marqué par un manque d’engagement. On limite les risques en freinant les élans d’éblouissement, comme si on n’osait pas nous surprendre. De ce fait, on reste évidemment à l’écart d’une aventure pourtant riche, tant bien dans le visuel et sa morale subtilement posée.
On en sort perdu devant une œuvre aussi oubliable que peu émouvant, face à des choix parfois contradictoires avec sa mission. Mais quelle est-ce ? Hélas, on l’ignore encore.
Ainsi, « Passengers » a survendu son projet et a troqué son potentiel dans une sécurité scénaristique regrettable. Il ne reste pas moins divertissant, si l’on s’abandonne dans un divertissement de forme. La réflexion reste en arrière-plan comme support que le spectateur, seul, devra enjamber pour exploiter ce que le film n’a pas osé entreprendre.