Après les films de procès et les films de prison, les films sur les paralysés viennent tout en haut de mon palmarès de pôles d'intérêt. Et ce depuis "C'est ma vie, après tout" avec Richard Dreyfus, vu quand j'étais au lycée. Ça a dû tomber pile au moment de la construction de quelque chose de central chez moi, allez savoir, mais en tout cas, j'ai toujours gardé une faiblesse pour ces épopées intimes qui apportent une contradiction magistrale à tous ceux qui seraient tentés de se demander si nous sommes identifiables à nos gesticulations quotidiennes. Ou de proclamer que nous sommes ce que nous faisons. Après Mar Adentro d'Alejandro Amenabar, revu récemment, voilà donc le calvaire de ce jeune basketteur qui se jette dans des piscines à moitié vides et doit passer un an dans un centre de rééducation pour retrouver l'usage partiel de ses membres. Alors, évidemment, au début, il déprime un peu. On sait qu'il faut attendre un délai raisonnable consacré à la simple acceptation d'un tout nouvel état de faits pour pouvoir entamer une reconstruction très lente. C'est ensuite seulement que les choses intéressantes commencent. Notre héros ne révolutionnera pas la physique quantique mais n'est pas totalement dépourvu d'humour et sa résilience naturelle l'amènera sur les chemins escarpés de l'élévation psychique. Sa chute ne l'a pas tué, il n'a guère d'autre solution que de devenir plus fort. Et j'avoue que ça fait plutôt du bien de voir ces parcours exemplaires, déconnectés de ces réussites sportives ou professionnelles qu'on nous tartine en couches épaisses à chaque repas. Car les enjeux d'une vie pleine ne se situent guère dans nos mollets ou nos porte-feuilles, c'est bête à dire. Donc, curieusement, cette plongée dans le milieu hospitalier, réputé déprimant, a tout du feel good movie.