Harcèle-moi si tu veux
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Bien qu'il soit le premier long-métrage réalisé par Satoshi Kon, Perfect Blue ne manque pas pour autant d'ambition. Le style de Satoshi Kon n'aura de cesse de s'affirmer, jusqu'à un Paprika tout aussi hallucinatoire, mais Perfect Blue explore des thématiques que je trouve plus universelles.
Outre la schizophrénie, la perception de la réalité ou encore l'ivresse de la célébrité, Perfect Blue décrit les doutes qui troublent l'esprit d'une jeune fille qui désire s'émanciper. L'héroïne cherche en effet à combattre l'image publique qu'on lui a attribué et cherche un mode de vie qui lui correspond. Évidemment, il y a de quoi perdre pied.
*Mon intention était de dépeindre la confusion qui trouve la conscience d'une jeune fille en train de modifier son échelle de valeur et de mûrir. J'ai en effet extériorisé le combat intérieur qui a lieu dans le coeur de l'héroïne de Perfect Blue, mais comme il est impossible de montrer ce genre de chose de manière réelle, je l'ai exprimé différemment.*
Satoshi Kon
Et en effet, Perfect Blue nous emmène dans un cauchemar halluciné qui mêle plusieurs niveaux de réalité (réalité, scènes de tournage, rêves, hallucinations...) si bien que le spectateur en vient à douter sérieusement de la provenance de la menace ainsi que du niveau de réalité auquel il se situe. Cette confusion vertigineuse ne serait pas présente dans le roman d'origine, mais cet ajout de Kon attribue au film une toute autre dimension.
La violence de certaines scènes est renforcée par le fait que Perfect Blue, contrairement à d'autres films sur lesquels Satoshi Kon a travaillé tels que Memories ou Paprika, n'est pas un conte fantastique. Ce qu'il montre dépeint l'inconscient, les illusions se matérialisent, contrairement à ce qui est énoncé dans le film.
S'il n'est pas toujours facile de citer des influences précises concernant le travail de Satoshi Kon, Perfect Blue laisse deviner quelques touches hitchcockiennes, conscientes ou non, que ce soit par la dualité qui divise le personnage principal ou par le voyeurisme pervers dont fait preuve son stalker. Mais Perfect Blue sera surtout lui-même une influence pour d'autres réalisateurs, à commencer par Aronofsky pour Black Swan, qui illustrera d'une manière non moins spectaculaire la dualité de son personnage.
Perfect Blue est un thriller psychologique éminemment mindfuck, avec lequel Satoshi Kon affirme un style qu'il n'aura de cesse de développer jusqu'à sa mort prématurée. Et malgré sa complexité, je l'ai trouvé plus abordable que Paprika, ne serait-ce que parce que la frontière entre le réel et le fictif ne devient floue qu'assez tardivement dans le film, ce qui permet donc une accroche plus facile et induit un suspense et un vertige grandissant.
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Créée
le 24 avr. 2021
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2 commentaires
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