Modèle d’efficacité dans le sous-genre du film de requins, Deep Blue Sea bénéficie du savoir-faire de son réalisateur Renny Harlin en matière d’action, qui multiplie d’ailleurs les clins d’œil à des productions de référence, notamment à Jaws, comme à ses propres œuvres – la scène de l’échelle suspendue dans le vide rappelle l’ouverture de Cliffhanger (1993), le centre scientifique ressemble aux cellules de Prison (1987), l’hélicoptère pris dans les intempéries au deuxième volet de la saga Die Hard (1990). Le montage crée une rapidité d’exécution qui ne paraît jamais forcée et qui jamais ne brouille la lisibilité de l’ensemble ; la photographie immortalise nombre de plans iconiques et très spectaculaires ; la partition musicale que signe Trevor Rabin offre un thème mémorable et une atmosphère oppressante des plus réussies.


À un intérêt de l’ordre du divertissement correspond également un intérêt d’ordre symbolique, le film composant non sans lourdeur une parabole ironique de l’Apocalypse au terme de laquelle triomphe la foi – une foi ancrée dans la simplicité et dans le rachat des fautes, les deux protagonistes encore en vie étant tous les deux des figures de pécheurs mis à l’épreuve par des « diables », une foi affranchie de tout rapport au savoir académique, de toute puissance hiérarchique ou monétaire, les deux protagonistes encore en vie étant des hommes de l’ombre contraints de vivre tantôt sous la terre (le bassin) tantôt dans les cuisines du centre. Harlin convoque ici, entre autres, la sentence biblique qui veut que les premiers seront les derniers et les derniers les premiers ; de ce renversement des statuts, il tire un jeu de massacre plutôt savoureux qui n’hésite pas à condamner les prêches patriotiques gorgés de grandiloquence pour défendre une foi en un Dieu salvateur dont il faut redouter la colère.


Un divertissement, en somme, mais un divertissement plus futé que les fantoches qu’il représente. Et l’un des meilleurs films de requins jamais réalisés.

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le 29 juil. 2021

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