Possessions
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C'est un vrai plaisir de plonger dans cette atmosphère aristocratique londonienne des années 50. Le rythme, l'esthétisme, le rendu du toucher et du bruit des peaux des visages, des tissus, de l'eau et des biscottes beurrées sont un cocon moelleux propice à la concentration et à la contemplation.
2 heures de volupté.
Ces deux êtres que tout oppose se rencontrent, s'observent, s'apprivoisent et s'aiment pour de vrai. Hors de ma vue, tous les clichés de la relation amoureuse, des bons ou mauvais sentiments.
Ici tout est raffiné mais profond. Il s'agit d'habiller pour une nuit ou un jour les grands de ce monde, oui mais dans une recherche de la vérité absolue. C'est philosophique, la recherche de l'absolu, du vrai, du perpétuel et ce film parvient à marier cette quête avec la légèreté apparente de la haute couture.
L'instant prend une tout autre mesure. Paul Thomas Anderson filme chaque instant avec profondeur, perçant les sentiments des personnages, qui dans cet environnement apparemment immuable, vivent chacun un raz de marée intérieur. Par amour, par écoute et par curiosité de l'autre, les deux principaux protagonistes amoureux deviennent l'autre sans jamais renoncer à qui ils sont. Ils se font violence à eux mêmes mais à l'autre aussi.
Le coup de coeur de ce grand couturier pour cette serveuse d'un pub de campagne peu paraître irréaliste. Mais peut-être justement l'inconscient de cet homme sévère, taillé au cordeau, confortablement installé dans son succès ( un Hercule Poirot beau gosse en somme), cherche une ouverture vers le naturel, une vie moins planifiée. Et sa résistance intérieure est forte mais c'est sans compter sur cette jeune femme. Admirative de son travail, respectueuse de ses exigences certes, prête à tout accepter sauf le confort en amour qui aboutit immanquablement à la mort de ce dernier.
Si une robe se dessine et se créée dans un rituel immuable, rassurant presque superstitieux, l'amour se dessine et s'enracine dans le changement, l'imprévu, hors de ses convictions et de ses habitudes.
Créée
le 27 févr. 2018
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