Nouveau film culte coché dans ma watchlist : Die Hard, chef-d'œuvre d'action de McTiernan. Qu'est-ce qu'il a de spécial, ce crossover du NYPD et du LAPD qui fait s'arrêter Willis devant les pin ups et où l'on cracke des mots de passe avec l'ancêtre de Google Translate ?
Piège de Cristal n'est pas un fonce-dans-le-tas de l'ambiance, participant plutôt à développer le sous-genre des "films d'action à maturation lente" qui ont nourri les années 1990 de quelques blockbusters parmi les mieux écrits. Déjà sous McTiernan, l'intermède comique se raffine, et derrière quelques blagues pas très gentilles envers le quatrième mur se cache l'âge d'or du thriller psychologique.
Dirigeant brillamment sa bande à Baader customisée, Rickman va nous délecter, tel un chef d'orchestre, de deux heures où rien ne se lasse d'être utile, au point que les fractures habituelles du genre (à savoir, notamment : la prise d'otage, l'exploitation scénaristique du syndrome de Stockholm, l'arrivée de la police puis celle du FBI), sont invisibles. Ou plutôt, comme le personnage de Rickman le dit lui-même : nécessaires. Car rien n'est laissé de côté par McTiernan et ses scénaristes, qui prennent un malin plaisir (en plus de mettre en scène des cascades énergiques et sauvages), à recycler ce que le genre avait toujours rejeté jusqu'ici.
En fait, tout, dans Piège de Cristal, est signe avant-coureur d'un autre coup de génie du réalisateur : Last Action Hero, énorme taquinerie où il déversera cinq ans plus tard sa frustration du film de genre en achevant d'embrasser le premier degré que Willis ne fait qu'effleurer. Déjà fasciné par les méchants qui parlent magnifiquement et par les superflics aimant retourner les armes des terroristes contre eux-mêmes, il livre ici, avec une apparente liberté totale d'expression, sa meilleure interprétation, et pas des moins jouissives, du thinking outside the box.
→ Quantième Art