Surréaliste, délirant, truffé de référence psychanalytiques, The Wall de Alan Parker puise principalement dans l'esthétique du vidéo clip pour nous donner un film visuellement très soigné. Cependant, les thèmes graves et sérieux abordés avec un regard d'adulte attardé (ou d'adolescent si vous préférez) le rapproche plutôt des niaiseries auquel on croyait fermement à notre époque du lycée (et encore) que du grand film que certains candides soutiennent.
Alors que MTV vient à peine d'être créée et connaît un succès retentissant, Parker saisit l'opportunité et après le récompensé Fame surfe sur la mode de la comédie musicale pour jeunes pubères en nous livrant ce vidéo clip d'une heure trente environ pour accompagner ce qui est loin d'être le meilleur album des Pink Floyd. Visuellement, il faut sans conteste reconnaître la qualité de la mise en scène et l'excellent travail du photographe Peter Biziou (la piscine bleue puis rouge, l'enfant qui court dans le terrain vert entre les poteaux de rugby, le travelling avant dans le couloir d'un hôtel, ...) ainsi que du dessinateur responsable des animations, Gerald Scarfe.
Néanmoins, les idées développées au long du film, martelées avec une insistance obsédante, relèvent plus d'une réflexion juvénile que de l’âpreté d'un empirisme qui s'est frotté à la réalité. Oui, la guerre, c'est pas bien. Oui, les nazis, c'est pas bien. Oui, la police ils sont tous des méchants parce qu'ils explosent la tête des garçons avec leur matraque et en plus ils violent les filles. Et ton père, il a fait la guerre et il t'a transmis sa vie de merde et ses expériences traumatisantes. Et ta mère elle t'a trop couvé et donc elle était castratrice, cette connasse. Et tout ça c'est comme un mur qui t'emprisonne et toi tu veux le défoncer ce mur parce que tu es libre. Mais comme tu es impuissant face à tout ça, tu te cames et tu regardes Tom et Jerry à la télé, c'est bien parce qu'ils sont gentils, pas comme les autres dans la vie réelle de ce monde cruel d'adultes.
J'arrête là.
Roger Waters signe le scénario, et cela veut tout dire. Grand musicien, certes (je pense à l'album Echoes, avant tout, ou encore à Dark Side of the Moon), il s'est vu confier une tâche pour laquelle il n'avait pas les épaules. Car avant tout délire mégalomane d'un musicien sous acide adulé par le public et se prenant un peu pour Jésus (scène de la piscine, comme sur la Croix) voire pour un dictateur qui mobilise les foules, The Wall n'est qu'un teen-movie travaillé comme une belle publicité grâce au travail de Parker (ancien publiciste), et basta.