Pink, une star du Rock est enfermée dans sa chambre d’hôtel durant une tournée. Ce personnage torturé se noie dans l’alcool et la drogue en invoquant les souvenirs de son passé. Aux commandes de ce trip visuel et musical à l’onirisme envoûtant, Alan Parker («Midnight Express», «Fame»). Le réalisateur britannique donne vie à travers un clip de deux heures, aux fantasmes, aux regrets, aux passions, à la mélancolie, à l’autodestruction puis à la folie d’un être en proie à la schizophrénie. Pink se rappelle l’absence de ce père mort durant la guerre (A. Parker nous imprègne la rétine de scènes de combats particulièrement bouleversantes). Pink se souvient aussi de ses jeunes années, de ses professeurs au sadisme à peine dissimulé, de l’école ; cette machine à broyer l’individu au détriment du groupe. Les douloureuses sensations de solitude et de différence refont elle aussi surface dans la mémoire de Pink ; seul phare dans cette vie d’obscurité, l’amour de sa mère ! Quant à l’amour charnel d’une femme, Pink en garde une vague idée, il fut marié à une amie d’enfance devenue par la suite, la groupie d’un autre. Presque pas ou peu de dialogues durant ce voyage dans les méandres de l’esprit de Pink, la musique se suffit à elle-même tant l’incursion visuelle est vertigineuse. Aujourd’hui, Pink, seul face à un écran de télévision noir et blanc, n’est plus qu’une enveloppe charnelle catatonique en apparence du moins, vivant hors du monde qui l’entoure. Dévoré de l’intérieur par ses démons, Pink est perdu dans le labyrinthe de son inconscient et cherche la douleur pour se sentir à nouveau vivant. La mutation est en marche, la chrysalide va devenir papillon lorsque Pink dans un élan cathartique va alors s’élever en dictateur dans un dernier acte à l’imagerie nazie à peine voilée. Il s’érige en accusateur d’un tribunal fantoche et imaginaire où il deviendra son propre bourreau. En effet, l’ancien Pink doit disparaître et avec lui le mur, synonyme d’isolement entraînant son inéluctable folie.