Piranha, film culte vieux de 32 ans, se devait, comme tout film culte, de passer à la moulinette remake. Beaucoup étaient craintifs, dont moi, les remakes de films d'horreur seventies et eighties donnant la plupart du temps des résultats catastrophiques, comme l'ont été Vendredi 13 et Freddy. Cela dit, sachant que c'est le français Alexandre Aja qui est aux commandes, déjà réalisateur du remake de La colline a des yeux, le bénéfice du doute pouvait être accordé. Piranha 3D n'est d'ailleurs pas un remake à proprement parler, mais plutôt un « reimagining », ce dernier n'ayant rien en commun avec l'original, si ce n'est les voraces petits poissons.
Côté histoire, il faut le dire, le minimum syndical a été fait pour donner un semblant de logique à ce carnage. Lake Victoria, petite ville côtière, est une destination de vacances et de débauche prisée par les étudiants. Comble de l'ironie, Derrick Jones (Jerry O'Connell), stéréotype du mâle dans toute sa splendeur, est l'organisateur d'une sorte de concours de « wild wild girls », ameutant encore plus de chair fraîche qu'à l'accoutumée, bref un festin massif que dés le début du film on veut voir être consommé.
Pour le reste on retrouve la même construction scénaristique de ce genre de film, à savoir des flics qui enquêtent sur des morts étranges, se renseignent auprès du spécialiste local (Doc, alias Christopher Lloyd), ont des gosses à eux au lieu où auront lieu les attaques, des ados qui écoutent pas ce qu'on leur dit et qui vont quand même dans la gueule du loup, en somme rien de bien original.
Qui plus est, hormis deux ou trois morts durant les deux premiers tiers du film, il ne se passe rien, celui-ci ayant plutôt des airs de porno, nous exhibant des dizaines de seins, fesses et triangles — pas toujours — pileux. Aja n'y va donc pas avec le dos de la cuillère, à tel point que même Jason, spécialiste du massacre à la machette d'ados exhibitionnistes en ferait un anévrisme. Structuré comme une scène de porno, le film nous sert donc longuement du teasing avant de tout décharger dans une dernière demi-heure qui vous scotchera littéralement à votre siège. Démembrements, corps déchiquetés, jambes et bras en lambeaux, les piranhas se lâchent pour notre plus grand plaisir dans une scène de carnage tellement gore qu'elle nous parait presque interminable, allant même jusqu'à faire un clin d'oeil à Titanic, une plate-forme flottante s'inclinant à la verticale et faisant tomber uns par uns les ados dans les gueules affamées des bestioles sous-marines.
Pour ce qui est de la 3D, autant vous le dire tout de suite, elle ne tient lieu que de suffixe commercial, ne présentant quasiment aucun intérêt, la majorité des plans étant hors de l'eau, à tel point que la seule chose qu'elle rendra inoubliable est la vue d'un pénis à moitié bouffé vous arrivant en pleine tronche...
Pour conclure, Aja remplit pleinement son contrat, malgré un scénario épais comme un lézard écrasé sur la route, nous livrant probablement le film le plus gore de l'année, riche en tensions durant son final, et c'est bien cela le plus important.
Mention spéciale pour Jerry O'Connell, atout comique indubitable, incarnant à la perfection le connard macho dans toute sa splendeur, jusqu'à sa dernière réplique « ils m'ont bouffé la bite ».
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