Ahhh, le Spring break… On n’a pas ça chez nous en France, à la rigueur on a les week-ends d’intégration des écoles de commerce, mais c’est un peu comme comparer Jackass à Intervilles, ça n’a aucun sens en soi. Alexandre Aja s’est servi de ce rituel étudiant typiquement américain pour lâcher ses piranhas en images de synthèse pas glop et déverser des hectolitres de sang bouillonnant et montrer des abruti(e)s alcoolisé(e)s en train de se faire mastiquer l’épiderme. C’est qu’elles ont très faim, ces bestioles, elles ont les crocs, alors forcément, toute cette chair fraîche et bronzée et carrément trop conne pour réfléchir, c’est super tentant.

Qui, de l’Homme (décérébré) ou de la Nature (féroce), remportera donc la bataille ? Rien à faire, on s’en balance pas mal, et Aja aussi très certainement qui préfère filmer de la bonnasse en string avec les nichons à l’air plutôt que créer une tension, une escalade dans le suspens. Vision non absurde d’une réalité bad trip : Piranha 3D claque davantage comme un revival Max Pecas qu’une divine révérence à Dante ou à Spielberg. Alors c’est bien gentil de vouloir assumer la potacherie et les tralalas, la série B tendance nanar Z ou XXL ou whatever the fuck, mais tout ça ne fait sûrement pas un film (ni un scénario), et encore moins le plaisir du spectateur pris pour un ado boutonneux gras du bulbe en train de se toucher le prépuce avec la bave aux lèvres et les doigts qui puent.

L’intrigue flotte pas très haut, prend l’eau de partout, et il faut se taper une heure de rien pour que les choses se gâtent et avoir droit, enfin, à un incroyable carnage en règle. Du coup, pour passer le temps, on peut toujours s’amuser à compter les poitrines naturelles vs les poitrines siliconées ou s’interroger sur le concept de la limite dans le global multiculturel des années 90. Et puis bon, du Spring break avec des greluches qui se roulent des pelles et font des concours de T-Shirts mouillés, y’en a plein partout sur YouTube, alors pas vraiment besoin d’aller au cinéma pour s’exciter la nouille.

Piranha 3D, dont l’engouement critique est aussi curieux et improbable qu’un trait d’esprit chez, disons, une Paris Hilton accroc au free base, n’a que des paires de fesses à offrir en maigre pâture, du lourdingue aussi (Jerry O’Connell, in-sup-por-ta-ble, ou la scène du phallus tranché, sans doute le plan le plus laid et le plus foireux de l’année) et une satire cruche sur la misère étudiante américaine. Ça se voudrait un délire décomplexé, délibérément crétin, un hommage bien gaulé au genre et au bis, mais c’est juste emmerdant et pauvre et d’une vacuité insultante dans toutes ses intentions, à tous les niveaux, à tous les instants. Sérieusement, baby ?...
mymp
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le 27 déc. 2012

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