Tu devrais croire aux histoires ennuyeuses, tu es en train d'en voir une!

Doit-on vraiment s'évertuer à présenter Pirates des Caraïbes, tant le plan marketing de cette saga à la communication colossale forcera les plus indifférents à connaître malgré tout de nom les aventures rocambolesques de celui qui dans toutes les bouches détrône aujourd'hui les Barbe Noire et autres pirates bien plus classieux ou intéressants? Mais que dire, puisque la simple mention de Johnny Depp dans le rôle titre suffit à vendre des billets trop onéreux par millions. Il semblerait même qu'on s'en foute un peu, de ce que le scénario veut nous raconter, tant que le père Depp est de la partie. On l'a bien vu : malgré la défonce unanime des critiques (largement méritée), La Fontaine De Jouvence a bien rempli les salles, les productions continuent de tirer les cordes d'un artifice qui réclame de prendre sa retraite depuis longtemps déjà, et partout, on voit l'excitation monter dès l'annonce de ce cinquième opus. Alors on nous ressort une nouvelle aventure, dans des bandes-annonces qui ne donnent que très peu envie (enfin, à priori si), et dont le seul intérêt semble être Javier Bardem, désormais relégué au rang de sauveur de sagas en péril (Christoph Waltz t'a d'ailleurs bien remercié dans son interprétation pataude et caricaturale de Blofeld, l'ami).


Au final, ça aura encore moins d'intérêt que ça. Le capitaine Salazar, avec une écriture au ras des pâquerettes, n'est qu'un personnage de plus sans grand intérêt, dont l'enjeu est inintéressant au possible et où le charisme ne réside que dans la qualité des maquillages. Parce que oui, évidemment, c'est plutôt beau, mais ça ne représente en rien un gage d'une quelconque qualité. Ce n'est plus un effort que de réaliser de bons effets spéciaux, et ce qui différenciera aujourd'hui un bon film d'un énième blockbuster à portefeuille, ce sont avant tout l'association de beaux choix visuels à une narration de qualité. Peu importe si c'est beau, on veut du contexte. Et là, c'est plat, lisse et sans âme.


Pire encore, ça manque cruellement de rythme quand, sur le papier, certaines idées pourraient ravir nos envies de divertissement intenses. La scène de braquage introductive, par exemple, aurait pu tout à fait fonctionner si le montage avait permis de nous impliquer avec des plans épiques, ou si Johnny Depp ne cabotinait pas désespérément. La faute n'est pas tant à lui adosser, car même si le père Depp est passé de représentant d'une génération prometteur à gâchis fantomatique en puissance, il y a deux metteurs en scène qui l'encouragent à accentuer sa médiocrité.


Cet épisode de Pirates des caraïbes tente pourtant désespérément de renouer avec ses fans, de demander pardon pour son quatrième volet à l'importance d'un mollusque, et le fait à coup de références pataudes et mal amenées. Du coup, les nouveaux protagonistes, plutôt que d'avoir une écriture et un intérêt propre, n'existent qu'à travers le prisme de la filiation dont ils sont issus. Autrement dit, vas-y que je te fous des liens de parenté partout pour que via ce que tu considères comme culte, tu vois inconsciemment un intérêt à ce que je te propose, même si c'est de la merde en barre.


Si au moins niveau divertissement, le film faisait son taf, plutôt que d'uniquement répondre à son cahier des charges qui lui demande en premier lieu de relancer un nouveau souffle à sa saga. Nous emmerder deux heures rien que pour montrer qu'il y aura des suites, c'est du joli.

ThierryDepinsun
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le 22 juin 2017

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