Bon, tout est dans le titre, merci messieurs-dames, bonsoir !


Plus sérieusement, fuyez si vous ne voulez pas être spoilés, parce que je vais déballer bien comme il faut.


Vous êtes toujours là ?


Ok, vous l'aurez voulu !


Que dire de ce cinquième opus de Pirates des Caraïbes ?


Commençons par mon avis général sur le film, même si vous l'aurez compris en voyant ma note et en lisant le titre de cette critique. C'est pas seulement mauvais... c'est très mauvais ! Si je devais me risquer à une métaphore qui tombera à l'eau, je dirais que le niveau de ce film est bien en-dessous de la ligne de flottaison du Hollandais Volant...


Honnêtement, je me suis rendu au cinéma avec de l'espoir et je m'attendais à voir un film au moins convenable. Quelle déception... J'ai pu lire qu'il était bien en-dessus du niveau du quatrième film - considéré par beaucoup comme le plus mauvais de la franchise - et je dois dire que je ne suis pas - mais alors pas du tout - d'accord. Certes, le quatrième film souffrait de nombreux défauts (la platitude de certains personnages n'étant pas le moindre), mais la faiblesse de son budget de production me le rendait sympathique en ce qu'il ne misait pas sur la surenchère. Quid du cinquième opus ? Eh ben c'est pas la même tisane... On sent bien que Disney a voulu ranimer cette moribonde poule aux œufs d'or en balançant une véritable avalanche d'effets spéciaux tous plus moches les uns que les autres, y compris quand ce n'était ni souhaitable, ni nécessaire...


Pour rentrer dans les détails, commençons par le commencement : le scénario. Et autant le dire tout de suite : c'est pas bon du tout. Le films enchaîne les incohérences avec les opus précédents sans se soucier d'un semblant d'explication. Et quand explication il y a, ça se limite généralement au bon vieux "ta gueule, c'est magique..."


Mais qu'est-ce qu'il a de si mauvais ce scénario ? Pour la faire courte, Jack Sparrow a soif et échange son compas contre une bouteille de rhum et, ce faisant, il libère le fantôme de son plus vieil ennemi (Javier Bardem, alias Capitan Salazar) du Triangle des Bermudes. Du coup, Jackie se lance en quête du Trident de Poséidon avec le rejeton de Will Turner, car seul cet artefact tout droit sorti du * des scénaristes a le pouvoir de briser les malédictions (y compris celle de Will, toujours piégé sur le Hollandais Volant). Non, je déconne pas, c'est ça le scénario... Je précise quand même un peu : le compas de Jack est magique, et quand on le "trahit" en le refilant à quelqu'un d'autre, il réalise la plus grande peur de son propriétaire... Alors là, déjà, c'est bof... Pourquoi ? Ben dans le troisième film, Jack refile son compas à Will, et le Capitan Salazar reste coincé dans son hangar à épaves déprimant... Mais passons et admettons que, dans le 3 Jack, ne "trahit" pas le compas parce qu'il a l'intention de le récupérer plus tard... Pourquoi - vingt ans plus tard - sa plus grande peur est toujours Salazar ? Salazar est censé être mort, et - ignorant qu'il est toujours "en vie" et bien déterminé à se venger, Jack n'a plus aucune raison d'avoir peur de lui, non ?


Tant qu'on est dans les incohérences, citons au passage le Black Pearl - aka le navire le plus rapide du monde - qui se fait rattraper par la coquille de noix de l'armée britannique... Bon sang, pendant quatre films on nous a vendu le Pearl comme une petite merveille de vitesse, et là il se fait rattraper par un bateau deux fois plus gros et deux fois moins maniable dans la seule scène de course poursuite navale du film... Je vais peut-être m'arrêter là au niveau du scénario, parce que je ne voudrai surtout pas vous gâcher le plaisir de la scène post-générique qui annonce


le retour de Davy "Face de Poulpe" Jones dans le prochain film. Et oui, à défaut d'un méchant convaincant, on recycle les anciens, et tant pis si c'est dénué de logique.


Bon, mais mis à part ce scénario qui fait naufrage, ça vaut quoi ? En admettant qu'un film puisse valoir quelque chose en l'absence d'un scénario cohérent, ben même là, ce cinquième opus ne vaut pas grand chose. Je ne reviendrai pas sur le tsunami de CGI qui pique les yeux, et j'éviterai de parler de la succession frénético-épileptique des images lors des scènes d'action, ce pour me concentrer sur un aspect qui me touche davantage : les personnages.


Alors, que valent-ils ces personnages ? Bon, pour commencer, je crois qu'on peut tous faire le deuil du talent d'acteur de Johnny Depp, qui semble bien décidé à consacrer le temps qui lui reste sur cette terre à se parodier lui-même... Cela dit, je ne lui jette pas complètement la pierre : c'était dur de faire quelque chose de grandiose avec un scénario aussi mal écrit. Certes, il a encore deux-trois répliques qui font mouche et font sourire, mais tout dans ce film montre que les auteurs qui griffonné le scénario de ce film sur un coin de nappe n'ont rien compris au personnage de Sparrow. Sparrow, c'est un gars "intelligent" (à défaut d'un meilleur terme) qui se fait passer pour un bouffon, ce afin de tromper son monde. Sparrow, c'est le gars le plus malchanceux du monde, mais qui a toujours une chance de cocu dans sa malchance. Et là... ben c'est juste un idiot qui n'a pas de bol et qui subit tout le film en se contentant d'enchaîner les punchlines.


Barbossa, quant à lui, est ma plus grande déception. Autant vous le dire de suite, c'est incontestablement mon personnage préféré de toute la franchise. Mais là, je le trouve creux et plat au possible, ce malgré le fait qu'on lui a inventé une fille insupportable à la dernière minute. Le réalisateur et les scénaristes se sont à ce point foutu de ce personnage qu'ils ne lui ont même pas offert une mort décente... Ouais, le gars se sacrifie (inutilement, en plus) en se jetant à l'eau. Voilà, c'était Barbossa.


Le méchant quant à lui est très largement oubliable et c'est dommage. Quand on se paye le luxe d'embaucher Javier Bardem (qui est, selon moi, un excellent acteur), ce n'est pas pour le faire cabotiner. Outre le fait que son rôle de Capitan Salazar n'a aucun charisme et ne nous fait pas ressentir de crainte pour les héros pendant une seule seconde, j'ai envie de souligner le fait que même son "design" est moche : il est habillé en noir, il est tout pâle, il vomit du sang, et il a les cheveux qui flottent comme s'il était toujours dans son jacuzzi... Son équipage de bras cassés (et je ne parle pas au figuré) n'a quant à lui aucune originalité : ce sont juste des zombies qui sont restés trop longtemps dans leur baignoire. Enfin, leur bateau insectoïde (dont j'ai complètement oublié le nom, c'est dire s'il ne m'a pas marqué) est parfaitement ridicule.


Concernant les petits nouveaux - le fils de Will et Elizabeth (Henry) et la fille de Barbossa (Carina) -, ils sont aussi vides et sans âme que ce film. Bon, après avoir vu "Gods of Egypt", je n'attendais pas grand chose de Brendon Thwaites, et heureusement, parce qu'au moins, il ne m'a pas déçu. Carina, quant à elle, est la parfaite représentation de l'incapacité de nombreux scénaristes à mettre en scène une vraie "strong independant woman"... Certes, elle est présentée comme une femme de science et de caractère, mais tout le personnage ne se définit que par sa relation avec son père et avec Henry. Oui, elle est la seule à pouvoir lire la carte qui mène au Trident, mais j'avoue que je n'ai toujours pas compris pourquoi... TGCM ?


Enfin, parlons de Will et Elizabeth, qui se partagent péniblement deux minutes à l'écran. On se doute qu'ils espéraient sans doute davantage, vu que les deux acteurs semblent destinés à ne plus connaître le succès de leur prime jeunesse. Elizabeth est tellement inutile qu'elle n'a même pas droit à une seule ligne de dialogue. Mais Will... Toute la scène d'intro du film (plutôt bonne, je dois l'avouer) laissait présager la présence d'un Will à la fois plus sombre et plus mâture, torturé par son existence de servitude sur le Hollandais Volant... mais non. Passées les deux minutes d'ouverture du film, on ne le revoit pas avant la toute fin, qui signe la fin de sa "malédiction". D'ailleurs, depuis quand le fait d'être capitaine du Hollandais Volant est une malédiction ? Certes, c'est un fardeau très lourd à porter, je ne dis pas le contraire, mais ce n'est pas une malédiction : le Hollandais Volant DOIT avoir un capitaine, car le Hollandais Volant est nécessaire au bon fonctionnement des océans. Le cas de Will n'est en rien comparable à celui de Salazar ou de Barbossa dans le premier opus...


Bon, je vais maintenant parler des points positifs.


...


Voilà, à bientôt !


Non, je déconne. Les points positifs... Honnêtement, je me force là... Je retiens deux scènes sympa dans le film : la première avec Will, et celle qui explique comment Jack est devenu Jack Sparrow. Par ailleurs, je parlerais bien de la bande son, mais honnêtement... le compositeur a seulement récupéré les thèmes des précédents sans innover le moins du monde. Heureusement, l'une des forces de Pirates des Caraïbes, c'est l'entrain que suscite son thème principal, décliné et redécliné dans toutes les tonalités possibles et imaginables.


Bon, cette fois, je crois que j'ai fait le tour. Inutile d'armer les canons et de hisser le pavillon noir, chers camarades, ce n'est que mon humble avis sur "La vengeance de Salazar" : libre à vous d'aimer ce film. Cela dit, je serai curieux d'avoir l'avis de personnes qui ont aimé ce film et d'en débattre avec elles (le pote avec qui je suis allé le voir au ciné ne l'ayant guère plus aimé que moi). Sur ce, à bientôt pour une nouvelle critique !

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le 11 juin 2017

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