J'ai lu des critiques d'autres membres du sites. C'est marrant parce que les gens qui n'ont pas aimé l'ont fait toujours pour la même raison: ils s'ennuient, ça ne va pas assez vite, il ne se passe rien, gnagnagna.
Ouais ben faut se résoudre à l'évidence, vous ne saviez juste pas ce qu'est un Tati. Non mais, hein, sérieux.
En gros vous vous plaignez de tout ce qui fait d'un Tati un Tati.
Mais le truc que ces gens ne doivent pas piger, c'est que Tati, c'est de la subtilité, du détail, du soulignage léger.
Alors oui, bien entendu, on ne va pas vous foutre tous les gags direct sous le nez de façon bien grasse et bien visible.
Souvent vous aurez le droit à un plan très large et fixe où, de prime abord, rien ne se passe alors que, si vous arrivez à regarder au bon endroit, vous verrez un détail foutrement comique.
Et puis Tati, ce n'est pas que de la blague, c'est aussi et surtout un regard profondément doux et affectueux sur ses contemporains, même quand il se moque de leurs travers.
Tati, c'est replacer l'humain à sa place d'humain, même lorsque ce dernier se prend au sérieux, le montrer dans toute sa faillibilité, mettre en lumière son ridicule alors même qu'il veut faire croire qu'il maîtrise une technologie qui pourrait le déshumaniser.
Tati, ça va doucement la plupart du temps. Parce que Tati arrivait à avoir cette chose que nous nous refusons de plus en plus: il avait le temps. Il savait apprécier et tirer le meilleur des moment "creux" (pas réellement creux cependant, car il se passe toujours quelque chose, quelque part). Avoir le temps est un luxe que l'on ne s'accorde plus. Tati, lui, l'avait compris. D'ailleurs il prenait aussi son temps pour faire ses films (5 ans entre Les Vacances de Mr Hulot et Mon Oncle et 9 ans entre Mon Oncle et Playtime). Bref, il faut réussir à prendre son temps lorsque l'on regarde un Tati, il faut accepter des rythmes lents à certains moments, et il faut savoir les savourer.
Faire "avance rapide" pendant un de ces films serait d'une tristesse infinie.
(j'ai dit "Tati" extrêmement souvent dans cette critique…)