Dans les années 90, les studios Disney connaissent leur âge d'or, enchaînant les succès mondiaux avec La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin et bien sûr Le Roi Lion, un succès colossal et inattendu pour les studios qui avait pourtant des attentes modestes vis à vis de ce film d'animation. C'est en parallèle de ce dernier, que fut développé Pocahontas, premier long-métrage de la firme aux grandes oreilles consacré à un personnage historique ayant réellement existé. Un projet ambitieux qui n'a pourtant pas réussit à provoquer le même engouement que ses prédécesseurs auprès du public. Passer après Le Roi Lion n'a pas été chose aisée donc, mais ses résultats relativement décevants n'enlèvent en rien les nombreuses qualités de Pocahontas. Pour les biens de l'histoire, les scénaristes ont choisit de puiser dans le folklore et les légendes basé sur la vie de la jeune amérindienne, qui n'avait en réalité qu'une dizaine d'année lors de sa rencontre avec John Smith. Une déformation historique pourtant essentielle ici, puisque l'histoire d'amour entre Pocahontas et le blondinet britannique apporte une intensité et une charge émotionnelle saisissante au récit. Un amour aussi passionnel qu'impossible, la guerre menaçant d'éclater à tout instant entre les deux clans. Déchirée entre son amour pour Smith et son peuple, Pocahontas mettra tout en œuvre pour éviter ce conflit imminent et maintenir la paix. Il y a quelque chose de fascinant dans la rencontre de ces deux êtres, de ces deux mondes opposés, qui vont essayer de s'apprivoiser, se comprendre, pour finalement s'aimer. Il est vrai que le coup de la barrière de la langue éclipsée par un coup d'vent et quelques feuilles peut rendre dubitatif, bien qu'il soit évident qu'il n'y avait pas d'intérêt à perdre du temps de ce côté là dans un film pour enfants. Un film pour enfant certes, mais duquel ressort une certaine volonté de toucher un public plus adulte, avec un ton plus sérieux qu'à l'ordinaire, ce qui explique peut-être en partie la raison pour laquelle il a été boudé à sa sortie. Il faut dire que le contexte prête à un aspect plus sérieux, puisque la colonisation britannique du "Nouveau Monde" ne s'est pas toujours fait dans la douceur, en raison du choc des cultures, du racisme et des rêves de fortune des colons. La cupidité et l'intolérance qui existait à cette époque là est incarnée par Ratcliffe, un méchant assez banal en soi dans sa quête de pouvoir et de richesse, mais tout de même suffisamment détestable. Avec son aspect plus adulte, le long-métrage apporte ainsi un peu de renouveau chez Disney, ce qui s'illustre notamment par la mort brutale, et peu habituelle, d'un des personnages, de la chanson "Des sauvages", aux paroles dures et fortes en significations, ainsi que par un humour moins présent. Le seul élément comique du film repose en fait presque uniquement dans le trio Percy/Meeko/Flit, qui apporte un peu de légèreté à une atmosphère parfois trop sérieuse. Des animaux aux personnalités réjouissantes qui n'ont pas la faculté de parler, choix judicieux de la part des studios, dans un soucis de réalisme. Dans la même optique, les animateurs et scénaristes du long-métrage ont cherchés à analyser et imaginer qui devait être la véritable Pocahontas, afin de retranscrire son personnage au mieux possible. Ainsi, La jeune princesse indienne se dévoile comme être l'héroïne la plus forte de toutes les précédentes productions des studios Disney. Elle apparaît comme une véritable femme, d'une grande spiritualité tout en gardant son côté espiègle et léger. A l'image de son peuple, elle entretient un lien très particulier avec la nature, ce qui lui donne quelque chose de très pur. Première chez Disney, Pocahontas est également très sensuelle et séduisante, sa beauté sauvage nous captant automatiquement l'esprit. Le travail d'animation réalisé sur son personnage est d'ailleurs vraiment remarquable, ses gestes et ses déplacements apparaissant très fluides et réalistes. Il faut aussi remarquer la fabuleuse animation 3D de Grand-mère feuillage, qui n'a pas pris une ride malgré les années. Une qualité qui s'applique à l'ensemble du long-métrage, même si l'aspect angulaire de certains dessins a pu en déstabiliser plus d'un, mais on s'y habitue assez vite. Un travail jugé difficile par les animateurs, en raison des couleurs complexes, des expressions et formes des visages. Le résultat est néanmoins à la hauteur des espérances, les paysages et les couleurs de la Virginie étant d'une beauté saisissante. Impossible également de ne pas évoquer la musique composée par Alan Menken, donnant véritablement vie aux images. Chaque chansons racontent une histoire, bien que la merveilleuse "L'air du Vent" sort clairement du lot. Un véritable hymne à la nature et à la tolérance, qui a d'ailleurs valu au compositeur une récompense méritée aux oscars. Si je devais émettre néanmoins quelques réserves vis à vis du long-métrage, je citerai la façon trop rapide et précipité avec laquelle les hostilités entre les deux clans vont s'apaiser. Car même si la détermination, le courage et l'amour de Pocahontas pour John Smith est admirable, il manque un quelque chose d'épique sur la fin. J'aurai également souhaité que l'histoire soit plus creusée, notamment au niveau des cultures et des modes de vie, ainsi que de la cohabitation et les conflits entre les natifs américains et les colons, mais c'est certainement trop demander à un film pour enfants. Le long-métrage manque un peu d'approfondissement donc, et aurait gagné à être un peu plus long. Néanmoins, Pocahontas, une légende indienne demeure un film d'animation d'exception, avec une âme, une histoire d'amour fabuleuse et envoutante, doté d'une belle intensité dramatique. Il n'y a qu'à voir la scène finale du film, l'une des plus belles que les studios Disney aient jamais réalisées. Un dessin animé incontournable qui, comme ses prédécesseurs, traversera les âges.
JulieTournier
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le 9 avr. 2013

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Julie Splack

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