Poltergeist II
5.2
Poltergeist II

Film de Brian Gibson (1986)

Trois années après le succès de Tobe Hopper, les esprits reviennent hanter Carole-Anne et sa famille dans une suite de qualité qui réussit à conjuguer l’horreur parsemée de fulgurances gores – un embryon s’extrait de la bouche du père et devient une entité monstrueuse, l’appareil dentaire du fils prend possession de son corps, des cadavres peuplent le miroir – avec le drame familial duquel l’humour n’est pas en reste. Car si le film remotive la légende indienne qui servait déjà de base scénaristique au premier opus, il le fait avec suffisamment de second degré pour désamorcer les clichés qui y sont intrinsèquement liés : Taylor, le personnage indien, apparaît alors comme l’incarnation d’un ensemble de croyances désormais réduites à leur seule valeur pittoresque – thème du train-fantôme ici en action – mais qui, parce que celles-ci sont assaisonnées à la sauce hollywoodienne, se change en figure mystérieuse et charismatique dont la sincérité reste incertaine. Il suffit de le voir embarquer la voiture avant le générique de fin pour comprendre l’intérêt d’un tel personnage, écran entre les traditions d’un peuple et les exigences du blockbuster américain.


Brian Gibson axe davantage son film sur l’importance de l’unité au sein d’une famille soumise au danger de la fragmentation idéologique : la télévision du premier volet est vite remplacée par le pasteur Kane, symbole du directeur de consciences désireux de se rendre maître d’un troupeau de fidèles qu’il peut à son gré diriger. Il y a, dans la relation qui unit Kane à Carole-Anne, un peu de La Nuit du Chasseur, beaucoup de Phantasm. La partition musicale que signe Jerry Goldsmith traduit par l’utilisation de chœurs tourmentés la violence collective qu’exerce le pasteur sur l’individu, une violence nourrie par les âges et qui puise dans les horreurs qu’il fit subit à sa communauté suffisamment de force pour disloquer les membres de la famille. Et quel plaisir de retrouver le thème principal conçu pour l’œuvre originale, un si magnifique, un si grandiose thème !


Poltergeist II parvient à prolonger la vision de Tobe Hooper tout en s’octroyant suffisamment de marges de manœuvre pour en personnaliser la menace : axé cette fois sur les dangers du dogmatisme qui isole les êtres en prétendant les rassembler, le film se conclue sur une même chaîne humaine venue extraire la jeune innocente des Enfers, mais renouvelée par la figure tutélaire (et angélique) de la grand-mère qui s’oppose ainsi au pasteur et raccorde Carole-Anne à sa source d’amour et de protection. Si la fin paraît expédiée à la va-vite, si la prestance de certains symboles exagère parfois un propos transformé en thèse puritaine, pas de quoi bouder cette suite qui fait rire et frémir, qui rassemble personnages et spectateurs autour de valeurs humaines. On en redemande.

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le 31 oct. 2019

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