Avec le recul, il y a des pans de l'histoire qu'on aurait peut-être dû garder secrets pour le bien de tous. Si on avait pas su pour les Thermopyles, il n'y aurait pas eu de gobelins perses à faire "greeeuh" dans 300. Si Alexandre Dumas était devenu plombier, pas d'Orlando Bloom dans les 3 mousquetaires 3D. Si on avait tout ignoré du roi Arthur, pas de film "le Roi Arthur". Si les livres d'histoires étaient interdits à Hollywood, mille biopics laborieux nous auraient été épargnés. Si Pline le Jeune était allé faire un pique-nique de tétines de loutres au lieu de faire tout un plat de l'éruption du Vésuve, on aurait pas eu... ça. Hélas...


Ce film est mauvais. Très mauvais. Rien ne le sauve, si ce n'est les sommes folles qu'on a investi dedans pour que ça ressemble à quelque chose, et franchement, savoir qu'en plus on a claqué du pognon là-dedans, ça ne le rend pas plus sympathique. Au générique de fin, je me suis très sérieusement demandé qui était le plus à blâmer : Moi, pour l'avoir regarder jusqu'au bout ? Les gens qui l'ont produit, tourné et joué ? Dieu, pour avoir laissé faire ça ? Qui que ce soit, il ne l'emportera pas au paradis ( sauf dans le dernier cas, évidemment ).


L'histoire se concentre sur la relation et la romance de deux jeunes gens épris de liberté au milieu des cruelles intrigues et du déchaînement impitoyable de la nature.
Bon, et maintenant, vous mettez des guillemets ironiques à tous les mots de cette phrase. Merci.


Le scénario est à la fois foutraque et très minimaliste, ouvrant une ribambelle de sous-intrigues pour ne rien conclure correctement, se contentant de faire exploser le volcan pour couper court à tout développement un peu compliqué à écrire. Ce qui rend a posteriori la première partie incroyablement vaine. Bla bla Rome est pas sympa, bla bla meilleur ami du héros, bla bla mariage forcé, bla bla remake pourrave de gladiator, tout cela se révèle sans importance aucune pour les événements dans leur ensemble. Evénements qui peuvent se résumer à : le méchant arrive, les gentils tombent amoureux, le gentil tue le méchant, Boum.
Rajoutez à ça une bonne petite dose de jolies incohérences ou idioties qui viennent égayer le spectacle. Par exemple, Milo le Celte est surnommé "le Celte"... à Londinium, soit en plein territoire celte occupé. A Quimper aussi, on a des types qu'on appelle "le Breton". Ou encore le sénateur romain qui vient négocier une sombre histoire d'investissements urbains en échange d'un mariage avec Nunuchette notre héroïne, avec pour seule carte dans sa manche la vague promesse qu'il en parlera à l'empereur. Ou ce Thrace gladiateur à Pompéi qui a apprit on ne sait comment que son cousin a été tué à Londinium, et connait en plus le nom du responsable. Ou cette dizaine de prémices, présages et p***** de failles qui s'ouvrent et engouffrent les gens, dont tous les personnages semblent se moquer éperdument jusqu'au Big Boum. Ou cette inimitié d'une riche cité italienne pour Rome, dont l'empire lui apporte commerce, esclaves et prospérité. Ou le gentil qui accepte de s'ouvrir tout d'un coup à son copain après des années de mutisme maussade. Ou... Stooop ! On a pigé. J'ai connu des promesses électorales plus crédibles que ce film.


Venons en au grand sujet, sans lequel le chant des oiseaux serait moins beau, les licornes moins roses et traîner dans des bars parfaitement inutile : l'amûûûûr. Et mesdames et messieurs, laissez moi vous présenter l'histoire d'amour la moins touchante et la plus forcée de 2014 ! Une histoire d'amour entièrement conditionnée par le fait que merde, on a pas beaucoup de temps, et il faut placer des combats inutiles et des machins qui pètent ! Du coup, nos tourtereaux suivent un cours accéléré de relation sentimentale : Une euthanasie de cheval, des abdos d'un côté et un joli minois de l'autre, un rival relou, une cavalcade nocturne, un passage obligé sur "tu vois, ma vie, c'est pas tous les jours facile", et roulez jeunesse ! Ils seront amûûûûreux sans limites. La dernière fois que j'ai vu une romance aussi baclée, c'était dans le second Hobbit, c'est dire.
Mais non seulement elle n'est basée que sur le goût de la jeune femme pour les tablettes de chocolat et les hurlements du metteur en scène, mais en plus, elle est niaise. Ça tient beaucoup aux personnages, mais le dialoguiste ne s'est pas exactement foulé non plus. On est dans le très littéral, voir le vide, d'un bout à l'autre. A force, on finit par ne plus entendre qu'une grosse bouillie clichetonneuse. "Grimblegrum joli cheval schtroumpf t'es trop beau squistch t'aimerai pour toujours lalalala violons". Même pour quelqu'un comme moi qui a gardé un peu de midinette en lui, c'est insupportable. Pour rester dans le thème film catastrophe, Milo et Cassia, c'est pas Jack et Rose, c'est sûr.


Les personnages, tiens ! Il ne manquait plus qu'eux pour que la fête soit complète ! Vous aimez les stéréotypes ? Et pas seulement les petits stéréotypes légers, hein, soyons sérieux, je vous parle des gros stéréotypes qui tachent, de ceux qui vous font vaguement vous demander si le scénariste a jamais parlé avec de vrais gens avant d'écrire. Parce que c'est un peu la foire au poncifs, ici. Un marchand d'esclave ? C'est vil, pleutre et vénal, un marchand d'esclave, pas vrai ? Bingo, il ne peut pas en être autrement. Et comment est un méchant sénateur impérialiste ? Je vous ai donné un indice, j'ai dit méchant. Mais alors, bien comme il faut. Il est un peu lâche, il déteste le héros sans trop de raison à la base, il est cruel, le genre à battre sa femme, manger sa fille et violer son chien. Enfin, ce genre de choses. Et s'il est comme ça, c'est parce qu'il est le méchant, voilà tout. D'ailleurs, personne ne s'y trompera, puisque tous les autres personnages le méprisent avant même qu'il ait ouvert la bouche ou fait quoi que ce soit contre eux. Ah, et histoire de, par une coïncidence extraordinaire, c'est lui qui a liquidé la famille de Milo le Celte. Enfin, c'est Milo qui le dit, je ne sais pas trop comment il le sait, vu qu'il l'a vu une fois étant enfant et qu'il y a peu de chance qu'il ait laissé sa signature dans les décombres, mais... J'avais dit plus d'incohérences ! On s'égare, là !
Les parents de Cassia sont des mini-romain, donc viciés, mais pas méchants, le copain black du héros, qui est quand même joué par Adebisi de Oz, autrement dit l'excellent Adewale Akinnuoye-Agbaje, réussit courageusement à conserver sa dignité malgré le rôle le moins original du cinéma, Cassia est une cruche sans saveur et... hey hey hey, regardez qui s'amène !
C'est bien lui, Kit Harington en personne. Je reconnaîtrai ses bouclettes n'importe où. Elles forment après tout 90% de son jeu d'acteur. Encore que pour le coup, il les ait délaissé pour dissimuler son expressivité de planche de bois derrière des abdos saillants, qui seront putassièrement affichés et langoureusement filmés tout au long du film. Je félicite Kitty-cat pour ce corps de rêve, et ne peut que lui conseiller d'appliquer la même méthode de musculation à sa mâchoire pour qu'il puisse enfin fermer la bouche. Mais en plus de son jeu toujours si valorisant ( "regarde, maman, je joue mieux que Kit Harington !" ), ce fan-service à base de biceps, de quadriceps et d'autres trucs en ceps apporte une touche comique supplémentaire au film. Filmez un acteur au corps bien développé en prenant bien garde à accorder plus d'attention à son nombril qu'à son visage, vous obtiendrez le même potentiel nanar qu'un plan nichon. Faites la même chose avec quelqu'un possédant le talent de Kit, vous entrerez dans une toute autre dimension. On dirait une vache génétiquement modifiée pour pouvoir poser pour le magazine "Têtu". Une figurine action-man géante en plus barbue et en moins crédible. Mieux que tout, l'alliance de cette surexposition et de cette tête déprimée/boudeuse donne parfois la terrible impression d'un type qui tient sa bite dans la main en guise de défi avec le spectateur masculin. Maintenant, je comprend ce que ressentent toutes les filles qui regardent des films, des séries ou des jeux vidéos où certains personnages féminins n'ont d'importance que par leur élevage de melons.
Et en plus, qu'est ce qu'il se la joue ! Là, ce n'est pas sa faute, plus celle du monteur ou du scénariste. Milo est sombre, ténébreux et trop dark, ce qui fait beaucoup. Milo est l'un des meilleurs guerriers qui soient. Milo tombe les jeunes filles au premier regard. Milo plagie éhontément Gladiator dès les dix premières minutes du film. Milo est un esprit supérieur, et il n'aura pas besoin de dire ou de faire quoi que ce soit d'intelligent pour que ce soit lourdement sous-entendu. Milo monte à cheval comme personne. Milo a du vent au ralenti dans ses cheveux de temps en temps. Milo finit par en être un peu ridicule, au bout d'un moment. Et pour ne rien arranger, il est joué par Kit Harington.
Non mais à part ça, il est musclé, hein. C'est bien. C'est esthétique.


Que rajouter ? Que l'explosion en elle-même est plutôt pas mal faite ? Que dans l'ensemble, tout ce qui est censé en envoyer dans les mirettes en envoie suffisamment dans les mirettes pour qu'on ne hurle pas à l'arnaque, même si on sent parfois que ça tire un peu sur la corde ? Que la volonté du scénariste de placer les romains en méchants exploiteurs dans une cité Italienne au Ier siècle rend toute tentative de développement sur cette base absurde ? Que grosso modo, il y a plus d'anachronismes dans ce film que de cheveux sur le crâne de l'empereur Tibère ? Que le combat final à deux minutes de l'apocalypse est à peu près aussi illogique et superflu que manger une salade après un menu mcdo parce qu'après tout, on est au régime ? Que la scène finale est d'une telle mièvrerie que je ne serais pas étonné que la lave soit en sucre d'orge fondu ?


Non, je me contenterais de vous soumettre une prière. Par pitié, si votre ville est engloutie par un raz-de-marée, si vous retrouvez le cadavre d'une star dans votre poubelle, si vous découvrez l'existence de nazis extraterrestres francs-maçons dans le bois à côté de chez vous, réfléchissez bien avant de le révéler au monde. On ne sait jamais quelle superproduction avec Franck Dubosc et Nicolas Cage cela pourrait engendrer...

Kevan
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le 19 mai 2014

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Kevan

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