J’ai vu ce film pour la première fois quand j’étais petit et il ne m’a jamais quitté depuis. En somme, plus qu’une « critique », ce serait plutôt un éloge.
Ce long-métrage est l’œuvre du japonais Miyazaki et nous raconte l’histoire d’un justicier volant à bord de son hydravion rouge, qui n’est pas sans rappeler le Baron Rouge Richthofen de la Grande guerre qui avait peint son triplan ainsi pour terroriser ses ennemis. Ce pilote, c’est Marco que l’on surnomme Porco Rosso (le cochon rouge) parce qu’il est un homme cochon, frappé par une mystérieuse malédiction. Nous en connaîtront jamais l’origine, le film nous laisse deviner. Marco est un ancien pilote italien qui a fait la Première Guerre mondiale dans l’aviation. À présent, il vit reclus sur une petite île de l’Adriatique et à bord de son hydravion, il traque les pirates du ciel, notamment une escadrille qui se fait appeler le gang de Mama Aiuto (ce qui signifie approximativement "maman au secours" en italien). En dehors Marco ne rend visite qu’à sa vieille amie Gina qui chante dans hôtel fréquenté par des pilotes. Lors d’un de ces affrontements l’avion de Marco est sérieusement endommagé et il part le faire réparer chez un vieil ami dont la nièce, la jeune Flo va s’enticher de lui.
Porco Rosso marque par ses intentions. C’est une œuvre à la fois tendre et mélancolique. Marco et son amie Gina sont deux personnes dont on imagine qu’ils ont eu une jeunesse heureuse et insouciante, témoin cette photo jaunie où l’on aperçoit Gina adolescente au milieu de pilotes de son âge dont Marco, avant qu’il ne soit transformé en cochon. Or, ce Lucky Luke du ciel semble s’être éloigné des autres, apparemment dégouté de l’homme alors que le fascisme conquiert l’Italie. Sa rencontre avec Flo va changer sa vie.
Enfant je n’avais pas saisi le contexte, le fascisme italien, le monde encore marqué par la guerre alors qu’il reprend tant bien que mal son souffle avant un cataclysme plus dévastateur encore. Mais j’avais compris l’essentiel. Le temps qui passe, les regrets, la mélancolie, la perte des illusions après une jeunesse insouciante à jamais perdu, mais aussi l'espoir. Porco Rosso, le personnage, incarne tout cela. L’auteur Miyazaki nous offre une œuvre très mature. Mais il ne s’attache pas seulement à la solitude de Marco ou Gina, le personnage de Flo va redonner de l’espoir au pilote solitaire loin de son foyer, espoir en l’humanité. Fascinée par Marco, téméraire et impétueuse Flo représente l’oxygène dans un monde brutal, elle représente l’espoir.
Cette œuvre de Miyazaki compte beaucoup dans les films qui m’ont marqué. Moi qui n’aie jamais été passionné d’aviation, il nous donne presque envie de survoler la mer adriatique à bord de l’hydravion de Porco, entre eaux et nuages. L’ambiance, les images sublime, les scènes aériennes, la musique et notamment l’interprétation par Gina du Temps des cerises, chanson qui illustre le temps qui passe « mais il est bien loin, le temps des cerises », ce film n’a pas fini de me hanter. Le point d’orgue est cette scène onirique qui est à jamais imprimée dans ma mémoire. La cerise sur le gâteau serait certainement la voie de Jean Reno, monsieur Reno qui double Marco. Et cette voix-là par laquelle s’exprime Porco Rosso est également restée imprimé dans mon souvenir, pour toujours.