Red pig donne des ailes

Le film débute dans le repaire idyllique de Porco sur une musique de Charles Trenet légèrement anachronique mais qui contribue d'emblée à créer l'ambiance paradisiaque du futur théâtre des événements. C'est en effet sur le décor carte postale de la mer adriatique ensoleillée que sévit le chasseur de primes porcin aux commandes de son hydravion rouge.


"Porco rosso" était le surnom fort sympathique donné dans un premier temps aux communistes avant de devenir plus largement synonyme d'opposant au régime fasciste. A l'instar de son collègue unichrome le baron rouge, Porco est un peu l'as des as de l'adriatique à la différence près qu'il ne tue jamais. Encore une particularité faisant du personnage l'ultime gentleman volant dans un monde qui s'uniformise.


Ce sérieux du contexte historique ne fait pas très Miyazaki que l'on attend plus dans le fantastique écolo, et bien que la malédiction porcine du héros soit tout droit sortie d'un conte le propos reste assez grave de la part de Miyazaki-sama. Le traitement aussi est beaucoup plus adulte avant tout parce que Porco ne ressemble pas du tout au modèle de l'enfant naïf faisant ordinairement office de héros dans les films d'animation. Dernier rescapé de la belle époque et endurci par la guerre il hante l'adriatique sur mer et dans les airs en écoutant "Le temps des cerises".


Malgré ce contexte plus grave qu'à l'accoutumée le film n'est pas dénué de légèreté et d'humour grâce notamment aux personnages secondaires. On retrouve la traditionnelle bande de pirates Miyazakiens au grand coeur qui se font complètement submergés par des gamines de quatre ans sans compter les diverses mises en abyme comme la séance de cinéma avec le cochon pilote ou les blagues pas très halal sur les rillettes de porc.


Porco rosso fait écho par bien des aspects à l'ultime film du maître "Le vent se lève" en abordant sa grande marotte aéronautique plus frontalement notamment dans la conception des plans d'un avion mais aussi par la main-mise de l'armée et dans l'opposition entre romantisme et fascisme.