Entre l'aventure fantastique de *Willow* et l'excellent, haletant et furieux *Backdraft*, Ron Howard réalise, sans prétention mais avec un casting extraordinaire, *Parenthood*, 


une comédie chorale familiale qui sait faire la part belle à ses nombreux personnages



et pose un regard tendre, réaliste et sans pudeur, sur les petits bonheurs et les inévitables inconvénients des liens de sang et du quotidien au foyer de cellules proches.


Le premier plaisir indéniable du film tient dans l'agréable pool des comédiens qui incarnent les différents membres, rattachés ou non, de cette grande famille passées sous l'oeil sociologique de la caméra. Steve Martin d'abord, cartoonesque et habité, livre une très bonne partition, aux côtés de la discrète et ravissante Mary Steenburgen. On retrouve aussi Dianne Wiest en détresse et cheveux courts, et l'inénarrable Rick Moranis en père un peu trop impliqué. Si ces derniers tenaient les affiches populaires au cœur des années quatre-vingt, le petit bonheur aujourd'hui est de redécouvrir et d'observer face à eux ceux qui faisaient là leurs premiers pas au cinéma : Martha Plimpton en jeune fille rebelle, Keanu Reeves en jeune adulte désinvolte, déjà hors-norme, et surtout le tout jeune Joaquin Phoenix, impeccable sur les rares lignes de dialogues qui lui sont attribuées, qui nous renvoie de plein fouet à notre propre enfance.
Au scénario, le rythme est là qui emmène le film en


une tornade douce d'élans brisés, heurtés aux réalités du quotidien



et aux règles plus ou moins lâches de l'american way of life petit bourgeois. De légères secousses en réconciliations parfois mièvres, la narration chorale fonctionne dans son équilibre sûr d'un personnage à l'autre, permettant une belle déclinaison des enjeux internes à chaque foyer derrière la fable familiale. Le tout est couronné d'un satisfaisant nombre d'excellentes répliques, naturelles, et de scènes vécues qui résonnent d'avertissements ou de conclusions souvent entendues dans nos propres familles.


Lorgnant vers la comédie populaire, Ron Howard semble là s'essayer au film d'auteur. Cette petite réussite agréable, sans autre prétention qu'un peu de tendresse et de rire, nous emmène 


à la rencontre de nos propres souvenirs d'enfance, de nos propres secousses familiales passées,



en y faisant résonner les échos anodins, banals et communs, de ce qui construit universellement les familles à travers les épreuves. Comme une ode à l'union aussi incertaine que confortable qui se tisse, par-delà les liens du sang, dans le quotidien instable, toujours en mouvement, de la cellule familiale.

Matthieu_Marsan-Bach
7

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Créée

le 24 févr. 2018

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