Après avoir vu quelques œuvres de la filmographie de Céline Sciamma, je décide d’aller faire un tour en salle voir ce Portrait de la jeune fille en feu. Et quelle claque je me suis pris. Le romantisme français au cinéma compte désormais une pièce maîtresse, un chef d'œuvre absolu porté par deux actrices extraordinaires.


Marianne (Noémie Merlant) est une jeune peintre venu réaliser le portrait de noces d'Héloïse (Adèle Haenel). Héloïse ayant envoyé balader tous les autres artistes avant elle car elle ne veut pas de ce mariage et refuse de poser. Marianne va donc devoir la peindre à son insu et commence à la regarder. S'ensuit une histoire sentimentale terriblement bien écrite, à la réalisation exemplaire.


Déjà, Noémie Merlant et Adèle Haenel sont extraordinaires. Discrète sans être effacé, leur présence crève l’écran et elles nous livre toute les deux une magnifique performance. Les dialogues sont particulièrement savoureux malgré leur côté très restreint étant donné que le film se veut avare en répliques. Peu de mots car tout se joue dans le jeu de ces actrices qui se regardent. Il faut dire qu’il n’y a pas tellement de séduction par les mots mais plutôt dans l’attention porté l’une envers l’autre. Comme si ces deux âmes étaient faite pour être ensemble telle une évidence. Une dimension littéraire se dégage donc de cette oeuvre tant la narration se fait par l’image et non par les dialogues tant il y en a peu
Mention spéciale à la jeune actrice Luàna Bajrami, son personnage est souvent effacé par rapport aux deux héroïnes mais sa prestation est très convaincante.


L'absence de musique fait écho à la discrétion qui se dégage du film. La musique étant un élément de scénario, une sorte de passion commune qui réunit nos héroïnes, l'une étant la passionnée qui connaît et l'autre l'envieuse qui souhaite découvrir. Les seules musiques présentes sont intradiégétiques, donc bien présente au sein de l’histoire.


Aucun éclairage n'est artificiel, tout est éclairé au feu de bois ou à la bougie apportant beaucoup de réalisme à la photographie. Pour son premier film en costumes, on sent clairement que Sciamma n'a pas fait les choses à moitié. Là où La Favorite de Yórgos Lánthimos se voulait très austère dans ses décors et sa lumière, Portrait de la jeune fille en feu est à l’opposé très chaleureux en éclairage lors de ses scènes d’intérieur. Les scènes d’extérieur se passant souvent sur la plage, en plein soleil.


Portrait de la jeune fille en feu est la preuve que le cinéma peut se passer d'hommes et laisser la lumière aux femmes (que ce soit derrière ou devant la caméra). Ce long-métrage n'est pas une oeuvre pro-féministe pour autant ni un film pro-LGBT. Son but n’est pas de porter à bout de bras le combat féministe pour en être un porte parole. Il fait bien mieux que ça. Il se contente d'être un film romantique sans prétentions, entre deux femmes, sans le moindre personnage masculin. Une référence du genre tellement le résultat est particulièrement réussi. Sa nomination à l’Oscar du meilleur film étranger (Avec Les Misérables, Parasite, Douleur et Gloire…) étant totalement justifié tellement c’est une réussite totale.


Véritable déclaration d’amour à la gente féminine, dénué de mots car tout se joue dans le regard de ces deux actrices magnifique mais surtout tellement talentueuses.
Une sorte d’anti-blockbuster dans un monde ou les films vont à toute vitesse, parlent tout le temps pour ne rien dire et ont des résultats médiocre au test de Bechdel.

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le 6 avr. 2020

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