Céline Sciamma nous offre son plus beau film, au risque de ne plus poser pied à terre.
Elle nous plonge dans la beauté surnaturelle des bleus cyans et dorés des côtes bretonnes où viennent s'échanger les regards transis de ce duo de femmes aux lourdes étoffes. Une sensualité du doute s'étire dans les échanges minimaux de ces femmes qui s'aiment dès le premier regard. La chair a peu à faire dans cette langueur sans fin. C'est un amour par la découverte et la confrontation de l'autre où une chaude lumière nous irradie d'une troublante tendresse. Se plonger dans un univoque entre femmes permet à Sciamma de faire naître un amour d'une grande pureté mais l'artifice romantique atteint aussi ses limites.
Demander la vraisemblance socio-historique n'aurait aucune raison d’être ici si la réalisatrice ne s'en servait pas elle même pour mettre à mal nos amoureuses. Comme bien d'autres réalisation avant elle (Kubrick, Ivory, etc), elle fait vibrer les cordes de l'amour impossible en s'opposant à une commode esquisse des interdits amoureux d'une époque perdue.
L'amour est le plus grand véhicule des profondes volontés d'un individu. Elle fera traverser des pays en guerre et éprouver la nature profonde de Barry Lindon. Rien de tout cela chez Sciamma qui à trop protéger du loup nos tourterelles, s'évite d'affronter des conséquences affectives et politique plus consistante.