Post Tenebras Lux par Heavenly

Il est assez curieux de se rendre dans une salle de cinéma en se disant qu'il y a de fortes chances que l'on aime pas le film que l'on va voir. Post Tenebras Lux est le premier long-métrage de Carlos Reygadas que je découvre.
Bien qu'il ait obtenu le prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, il est tellement conspué par la critique que je ne savais pas trop à quoi à m'attendre.
Filmé dans un cadre carré dont les contours sont floutés (système qui est parfois pertinent et souvent beaucoup moins), Post tenebras lux dispose d'une mise en scène qui en fait une œuvre à part.
C'est parfois magnifique (la scène d'ouverture avec la petite fille entourée d'animaux sous un ciel menaçant, la plage, la mêlée de rugbymen), très bizarre (le club échangiste, la décapitation) ou carrément barré (le diable rouge avec sa caisse à outils)... Quoi qu'il en soit, c'est quand il ne cherche pas à raconter une histoire que ce film est le plus intéressant. Reygadas sait magnifier la nature et son travail sur le son et les ambiances est impeccable, quand il est sensoriel, ce film marque des points.
Le problème survient quand il cherche à nous raconter à travers tout ça une drôle d'histoire alambiquée de rédemption d'un type qui a quitté la ville pour la campagne mexicaine avec sa famille, addict au porno, qui n'arrive ni à s'épanouir sexuellement avec sa femme ni à vivre en paix avec ses voisins pauvres... Une histoire dont on se fout un peu en fait et dont le message qu'il cherche a passer est complètement vain.
Quitte à faire une œuvre bizarre, le réalisateur aurait dû se contenter de filmer la nature, les bruits, les ténèbres... car entre quelques scènes réussies, son film ennuie profondément et c'est bien dommage.