Fort du succès de son premier film – le magnifique Danse avec les Loups –, Kevin Cosner a l’idée de réinjecter la sève de son triomphe dans l’odyssée d’un vagabond errant parmi les ruines de la civilisation et qui, pour rétablir un semblant d’humanité, s’improvise facteur. Idée originale, empruntée au roman dont le métrage est l’adaptation, qui nécessitait un héros proche de la démence ou en proie à un traumatisme intérieur pour rendre crédible cet improbable périple. On pense à Mad Max, on pense à Waterworld (qui ressemblait déjà à Mad Max, au demeurant). On pense aussi au cinéma de Werner Herzog, notamment à Signes de Vie où l’on pouvait suivre la folie naissante d’un soldat terrifié par le Néant et par l’idée de prendre racine dans un territoire stérile. Rien de tout cela dans Postman. Ne s’y trouve que l’autocélébration sous forme d’épopée de trois heures d’un Cosner en roue libre qui énumère les poncifs les plus insignifiants en guise de trame, les images les plus éculées au cadrage approximatif, les jérémiades sur fond de martyre patriotique. Parce qu’il n’évolue jamais dans le monde qu’il parcourt, notre postier des temps futurs plaque sur l’extérieur sa seule volonté et enferme le film dans un volontarisme déplaisant, pour ne pas dire dégoûtant. Seule la partition baroque de James Newton Howard apporte un semblant d’intérêt à une œuvre nourrie par le culte de l’ego, et dans laquelle le cinéma ne pointe guère le bout de son nez.